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Nik Marcel (2Language Books)

Tuesday 14 May 2013

The Little Prince (Spanish to French)


Le Petit Prince (1943)

Author: Antoine de Saint-Exupéry

 

El Principito (Spanish Edition)

Translator: Gaston Ringuelet 

 

The compartmentalised structure and formatting for this dual-language text, is copyright. Copyright © 2013 Nik Marcel. All rights reserved.

 

2Language Books

(A Bilingual Dual-Language Project)

 

 

El Principito

Le Petit Prince

A Léon Werth

À Léon Werth

Pido perdón a los niños por haber dedicado este libro a una persona mayor.

Je demande pardon aux enfants d’avoir dédié ce livre à une grande personne.

Tengo una excusa seria: esta persona mayor es el mejor amigo que tengo en el mundo. Tengo otra excusa: esta persona mayor puede entender todo, hasta los libros para niños. Tengo una tercera excusa: esta persona mayor vive en Francia, donde pasa hambre y frío. Tiene mucha necesidad de ser consolada.

J’ai une excuse sérieuse: cette grande personne est le meilleur ami que j’ai au monde. J’ai une autre excuse: cette grande personne peut tout comprendre, même les livres pour enfants. J’ai une troisième excuse: cette grande personne habite la France où elle a faim et froid. Elle a besoin d’être consolée.

Si todas estas excusas no son suficientes, quiero dedicar este libro al niño que este señor ha sido. Todas las personas mayores fueron primero niños. (Pero pocas lo recuerdan). Corrijo entonces mi dedicatoria:

Si toutes ces excuses ne suffisent pas, je veux bien dédier ce livre à l’enfant qu’a été autrefois cette grande personne. Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants. (Mais peu d’entre elles s’en souviennent.) Je corrige donc ma dédicace:

A Léon Werth, cuando era niño.

À Léon Werth, quand il était petit garçon.

Capítulo I

Chapitre I

Cuando tenía seis años, vi una vez una imagen magnífica en un libro sobre la Selva Virgen que se llamaba “Historias Vividas”. Representaba una serpiente boa que tragaba una fiera. He aquí la copia del dibujo.

Lorsque j’avais six ans j’ai vu, une fois, une magnifique image, dans un livre sur la forêt vierge qui s’appelait Histoires vécues. Ça représentait un serpent boa qui avalait un fauve. Voilà la copie du dessin.

 
En el libro decía: “Las serpientes boas tragan a su presa entera, sin masticarla. Luego no pueden moverse más y duermen durante los seis meses de su digestión”.

On disait dans le livre: “Les serpents boas avalent leur proie tout entière, sans la mâcher. Ensuite ils ne peuvent plus bouger et ils dorment pendant les six mois de leur digestion.”

Reflexioné mucho sobre las aventuras de la jungla y, por mi parte, logré trazar con un lápiz de color mi primer dibujo. Mi dibujo número 1. Era así:

J’ai alors beaucoup réfléchi sur les aventures de la jungle et, à mon tour, j’ai réussi, avec un crayon de couleur, à tracer mon premier dessin. Mon dessin numéro 1. Il était comme ça:

 
Mostré mi obra maestra a las personas mayores y les pregunté si mi dibujo les daba miedo.

J’ai montré mon chef-d’œuvre aux grandes personnes et je leur ai demandé si mon dessin leur faisait peur.

Me contestaron: “¿Por qué un sombrero podría dar miedo?”

Elles m’ont répondu: “Pourquoi un chapeau ferait-il peur?”

Mi dibujo no representaba un sombrero. Representaba una serpiente boa que digería un elefante. Dibujé entonces el interior de la serpiente boa, para que las personas mayores pudieran comprender. Siempre necesitan explicaciones. Mi dibujo número 2 era así:

Mon dessin ne représentait pas un chapeau. Il représentait un serpent boa qui digérait un éléphant. J’ai alors dessiné l’intérieur du serpent boa, afin que les grandes personnes puissent comprendre. Elles ont toujours besoin d’explications. Mon dessin numéro 2 était comme ça:

Las personas mayores me aconsejaron dejar de lado los dibujos de serpientes boas abiertas o cerradas, e interesarme en cambio por la geografía, la historia, las matemáticas y la gramática.

Les grandes personnes m’ont conseillé de laisser de côté les dessins de serpents boas ouverts ou fermés, et de m’intéresser plutôt à la géographie, à l’histoire, au calcul et à la grammaire.

Es así como abandoné, a la edad de seis años, una magnífica carrera de pintor. Había sido desalentado por el fracaso de mi dibujo número 1 y de mi dibujo número 2.

C’est ainsi que j’ai abandonné, à l’âge de six ans, une magnifique carrière de peintre. J’avais été découragé par l’insuccès de mes dessins.

Las personas mayores no entienden nunca nada por sí mismas, y es cansador, para los niños, darles una y otra vez explicaciones.

Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules, et c’est fatigant, pour les enfants, de toujours leur donner des explications.

Tuve entonces que elegir otro oficio y aprendí a pilotear aviones.

J’ai donc dû choisir un autre métier et j’ai appris à piloter des avions.

Volé por todo el mundo. Y la geografía, efectivamente, me sirvió mucho. Sabía distinguir, de un solo vistazo, China de Arizona. Es muy útil, si uno está perdido durante la noche.

J’ai volé un peu partout dans le monde. Et la géographie, c’est exact, m’a beaucoup servi. Je savais reconnaître, du premier coup d’œil, la Chine de l’Arizona. C’est utile, si l’on s’est égaré pendant la nuit.

Tuve así, en el curso de mi vida, montones de contactos con montones de gente seria. Conviví mucho con las personas mayores. Las vi de muy cerca. Mi opinión no mejoró demasiado por ello.

J’ai ainsi eu, au cours de ma vie, des tas de contacts avec des tas de gens sérieux. J’ai beaucoup vécu chez les grandes personnes. Je les ai vues de très près. Ça n’a pas trop amélioré mon opinion.

Cuando encontraba una que me parecía algo lúcida, probaba con ella mi dibujo n° 1 que siempre he conservado.

Quand j’en rencontrais une qui me paraissait un peu lucide, je faisais l’expérience sur elle de mes dessins que j’ai toujours conservé.

Quería saber si era realmente comprensiva. Pero siempre me respondía: “Es un sombrero”.

Je voulais savoir si elle était vraiment compréhensive. Mais toujours elle me répondait: “C’est un chapeau.”

Entonces no le hablaba ni de serpientes boa, ni de selvas vírgenes, ni de estrellas. Me ponía a su alcance. Le hablaba de bridge, de golf, de política y de corbatas. Y la persona mayor estaba muy contenta de conocer un hombre tan razonable.

Alors je ne lui parlais ni de serpents boas, ni de forêts vierges, ni d’étoiles. Je me mettais à sa portée. Je lui parlais de bridge, de golf, de politique et de cravates. Et la grande personne était bien contente de connaître un homme aussi raisonnable...

Capítulo II

Chapitre II

Viví entonces solo, sin nadie con quien hablar en serio, hasta que sufrí una avería en el desierto del Sahara hace seis años.

J’ai ainsi vécu seul, sans personne avec qui parler véritablement, jusqu’à une panne dans le désert du Sahara, il y a six ans.

Algo se había roto en mi motor. Y como no tenía conmigo ni mecánico ni pasajeros, me dispuse a intentar lograr yo solo una reparación difícil. Era para mí una cuestión de vida o muerte. Apenas tenía agua para beber ocho días.

Quelque chose s’était cassé dans mon moteur. Et comme je n’avais avec moi ni mécanicien, ni passagers, je me préparai à essayer de réussir, tout seul, une réparation difficile. C’était pour moi une question de vie ou de mort. J’avais à peine de l’eau à boire pour huit jours.

La primera noche me dormí sobre la arena, a mil millas de cualquier lugar habitado. Estaba realmente más aislado que un náufrago sobre una balsa en medio del océano.

Le premier soir je me suis donc endormi sur le sable à mille milles de toute terre habitée. J’étais bien plus isolé qu’un naufragé sur un radeau au milieu de l’océan.

Se imaginan entonces mi sorpresa, al amanecer, cuando una extraña vocecita me despertó. Decía: — Por favor... ¡dibújame un cordero!

Alors vous imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une drôle de petite voix m’a réveillé. Elle disait: “S’il vous plait... dessine-moi un mouton!”

— ¡Eh!

“Hein!”

— Dibújame un cordero...

“Dessine-moi un mouton...”

Me paré de un salto, como si hubiera sido alcanzado por un rayo. Me froté bien los ojos. Miré bien. Y vi un extraordinario hombrecito que me examinaba con seriedad. He aquí el mejor retrato que pude luego hacer de él.

J’ai sauté sur mes pieds comme si j’avais été frappé par la foudre. J’ai bien frotté mes yeux. J’ai bien regardé. Et j’ai vu un petit bonhomme tout à fait extraordinaire qui me considérait gravement. Voilà le meilleur portrait que, plus tard, j’ai réussi à faire de lui.

Pero mi dibujo, sin duda, es mucho menos encantador que el modelo. No es mi culpa. Había sido desalentado en mi carrera de pintor por las personas mayores, a la edad de seis años, y no había aprendido a dibujar más que las boas cerradas y las boas abiertas.

Mais mon dessin, bien sûr, est beaucoup moins ravissant que le modèle. Ce n’est pas de ma faute. J’avais été découragé dans ma carrière de peintre par les grandes personnes, à l’âge de six ans, et je n’avais rien appris à dessiner, sauf les boas fermés et les boas ouverts.

Miré entonces esta aparición con los ojos bien abiertos por la sorpresa. No olviden que me encontraba a mil millas de cualquier lugar habitado.

Je regardai donc cette apparition avec des yeux tout ronds d’étonnement. N’oubliez pas que je me trouvais à mille milles de toute région habitée.

Sin embargo mi hombrecito no me parecía ni perdido, ni muerto de cansancio, ni muerto de hambre, ni muerto de sed, ni muerto de miedo. No tenía para nada el aspecto de un niño perdido en medio del desierto, a mil millas de cualquier lugar habitado.

Or mon petit bonhomme ne me semblait ni égaré, ni mort de fatigue, ni mort de faim, ni mort de soif, ni mort de peur. Il n’avait en rien l’apparence d’un enfant perdu au milieu du désert, à mille milles de toute région habitée.

Cuando logré finalmente hablar, le dije: — Pero... ¿qué haces acá?

Quand je réussis enfin à parler, je lui dis: “Mais qu’est-ce que tu fais là?”

Y entonces me repitió, muy dulcemente, como una cosa muy seria: — Por favor... dibújame un cordero...

Et il me répéta alors, tout doucement, comme une chose très sérieuse: “S’il vous plait... dessine-moi un mouton...”

Cuando el misterio es demasiado impresionante, no es posible desobedecer. Por absurdo que me pareciese a mil millas de todos los lugares habitados y en peligro de muerte, saqué de mi bolsillo una hoja de papel y una pluma.

Quand le mystère est trop impressionnant, on n’ose pas désobéir. Aussi absurde que cela me semblât à mille milles de tous les endroits habités et en danger de mort, je sortis de ma poche une feuille de papier et un stylographe.

Pero entonces recordé que había estudiado sobre todo geografía, historia, matemática y gramática y le dije al hombrecito (con un poco de mal humor) que no sabía dibujar.

Mais je me rappelai alors que j’avais surtout étudié la géographie, l’histoire, le calcul et la grammaire et je dis au petit bonhomme (avec un peu de mauvaise humeur) que je ne savais pas dessiner.

Me respondió: — No importa. Dibújame un cordero.

Il me répondit: “Ça ne fait rien. Dessine-moi un mouton.”

Como yo nunca había dibujado un cordero, rehice para él uno de los dos únicos dibujos que sabía: el de la boa cerrada. Y quedé estupefacto al escuchar al hombrecito responderme:

Comme je n’avais jamais dessiné un mouton je refis, pour lui, l’un des deux seuls dessins dont j’étais capable. Celui du boa fermé. Et je fus stupéfait d’entendre le petit bonhomme me répondre:

— ¡No! ¡No! No quiero un elefante dentro de una boa. Una boa es muy peligrosa, y un elefante es muy voluminoso. En casa es todo pequeño. Necesito un cordero. Dibújame un cordero.

“Non! Non! Je ne veux pas d’un éléphant dans un boa. Un boa c’est très dangereux, et un éléphant c’est très encombrant. Chez moi c’est tout petit. J’ai besoin d’un mouton. Dessine-moi un mouton.”

Entonces dibujé.

Alors j’ai dessiné. 

Miró con atención, y luego: — ¡No! Éste está ya muy enfermo. Hazme otro.

Il regarda attentivement, puis: “Non! Celui-là est déjà très malade. Fais-en un autre.”

Yo dibujé: Mi amigo sonrió amablemente, con indulgencia: — Fíjate bien... no es un cordero, es un carnero. Tiene cuernos...

Je dessinai: Mon ami sourit gentiment, avec indulgence: “Tu vois bien... ce n’est pas un mouton, c’est un bélier. Il a des cornes…”

Rehice entonces nuevamente mi dibujo: Pero fue rechazado, como los anteriores: — Este es demasiado viejo. Quiero un cordero que viva mucho tiempo.

Je refis donc encore mon dessin: Mais il fut refusé, comme les précédents: “Celui-là est trop vieux. Je veux un mouton qui vive longtemps.”

Entonces, colmada la paciencia, como tenía apuro en comenzar a desarmar mi motor, garabateé este dibujo. Y le espeté: — Ésta es la caja. El cordero que quieres está adentro.

Alors, faute de patience, comme j’avais hâte de commencer le démontage de mon moteur, je griffonnai ce dessin-ci. Et je lançai: “Ça c’est la caisse. Le mouton que tu veux est dedans.”

Pero me sorprendí mucho al ver que se iluminaba el rostro de mi joven juez: — ¡Es exactamente así que lo quería! ¿Crees que este cordero necesita mucha hierba?

Mais je fus bien surpris de voir s’illuminer le visage de mon jeune juge: “C’est tout à fait comme ça que je le voulais! Crois-tu qu’il faille beaucoup d’herbe à ce mouton?”

— ¿Por qué?

“Pourquoi?”

— Porque en casa es todo pequeño...

“Parce que chez moi c’est tout petit...”

— Seguramente le alcanzará. Te di un cordero bien pequeño.

“Ça suffira sûrement. Je t’ai donné un tout petit mouton.”

Inclinó la cabeza hacia el dibujo: — No tan pequeño... ¡Mira! Se durmió...

Il pencha la tête vers le dessin: “Pas si petit que... Tiens! Il s’est endormi...”

Y fue así como conocí al principito.

Et c’est ainsi que je fis la connaissance du petit prince.

Capítulo III

Chapitre III

Me llevó mucho tiempo comprender de dónde venía. El principito, que me hacía muchas preguntas, nunca parecía escuchar las mías. Son palabras pronunciadas al azar las que, poco a poco, me revelaron todo.

Il me fallut longtemps pour comprendre d’où il venait. Le petit prince, qui me posait beaucoup de questions, ne semblait jamais entendre les miennes. Ce sont des mots prononcés par hasard qui, peu à peu, m’ont tout révélé.

Así, cuando vio por primera vez mi avión (no dibujaré mi avión, es un dibujo demasiado complicado para mí) me preguntó: — ¿Qué es esa cosa?

Ainsi, quand il aperçut pour la première fois mon avion (je ne dessinerai pas mon avion, c’est un dessin beaucoup trop compliqué pour moi) il me demanda: “Qu’est-ce que c’est que cette chose-là?”

— No es una cosa. Vuela. Es un avión. Es mi avión. Y me sentí orgulloso de informarle que volaba.

“Ce n’est pas une chose. Ça vole. C’est un avion. C’est mon avion.” Et j’étais fier de lui apprendre que je volais.

Entonces exclamó: — ¡Cómo! ¡has caído del cielo!

Alors il s’écria: “Comment! Tu es tombé du ciel!”

— Sí, dije modestamente.

“Oui,” fis-je modestement.

— ¡Ah! qué curioso... Y el principito soltó una hermosa carcajada que me irritó mucho. Me gusta que mis desgracias se tomen en serio.

“Ah! ça c’est drôle.” Et le petit prince eut un très joli éclat de rire qui m’irrita beaucoup. Je désire que l’on prenne mes malheurs au sérieux.

Luego agregó: — Entonces, ¡tú también vienes del cielo! ¿De qué planeta eres?

Puis il ajouta: “Alors, toi aussi tu viens du ciel! De quelle planète es-tu?”

Vislumbré en seguida una luz en el misterio de su presencia, y pregunté bruscamente: — ¿Vienes pues de otro planeta? Pero no me respondió.

J’entrevis aussitôt une lueur, dans le mystère de sa présence, et j’interrogeai brusquement: “Tu viens donc d’une autre planète?” Mais il ne me répondit pas.

Movía la cabeza suavemente mientras miraba mi avión: — Es verdad que, con eso, no puedes venir de muy lejos...

Il hochait la tête doucement tout en regardant mon avion: “C’est vrai que, là-dessus, tu ne peux pas venir de bien loin...”

Y se sumió en un ensueño que duró un buen rato. Luego, sacando mi cordero de su bolsillo, se sumergió en la contemplación de su tesoro.

Et il s’enfonça dans une rêverie qui dura longtemps. Puis, sortant mon mouton de sa poche, il se plongea dans la contemplation de son trésor.

Se imaginan cuál podría ser mi intriga por esta medio confidencia sobre ‘los otros planetas’. Me esforcé entonces en averiguar más:

Vous imaginez combien j’avais pu être intrigué par cette demi-confidence sur ‘les autres planètes’. Je m’efforçai donc d’en savoir plus long:

— ¿De dónde provienes, mi niño? ¿Dónde queda “tu casa”? ¿Dónde quieres llevar mi cordero?

“D’où viens-tu mon petit bonhomme? Où est-ce ‘chez toi’? Où veux-tu emporter mon mouton?”

Después de meditar en silencio me respondió: — Lo que está bien, con la caja que me diste, es que a la noche le servirá de casa.

Il me répondit après un silence méditatif: “Ce qui est bien, avec la caisse que tu m’as donnée, c’est que, la nuit, ça lui servira de maison.”

— Claro. Y si eres bueno, te daré también una cuerda para atarlo durante el día. Y una estaca.

“Bien sûr. Et si tu es gentil, je te donnerai aussi une corde pour l’attacher pendant le jour. Et un piquet.”

La propuesta pareció chocar al principito: — ¿Atarlo? ¡Qué idea tan rara!

La proposition parut choquer le petit prince: “L’attacher? Quelle drôle d’idée!”

— Pero si no lo atas, se irá a cualquier parte y se perderá...

“Mais si tu ne l’attaches pas, il ira n’importe où, et il se perdra...”

Y mi amigo largó otra carcajada: — ¡Pero adónde quieres que vaya!

Et mon ami eut un nouvel éclat de rire: “Mais où veux-tu qu’il aille?”

— A cualquier lado. Derecho hacia adelante...

“N’importe où. Droit devant lui...”

Entonces el principito observó gravemente: — No importa, ¡es todo tan pequeño en casa!

Alors le petit prince remarqua gravement: “Ça ne fait rien, c’est tellement petit, chez moi!”

Y, con un poco de melancolía quizá, agregó: — Derecho hacia adelante no se puede ir muy lejos...

Et, avec un peu de mélancolie, peut-être, il ajouta: “Droit devant soi on ne peut pas aller bien loin...”

Capítulo IV

Chapitre IV

Había así aprendido una segunda cosa muy importante: ¡que su planeta de origen era apenas más grande que una casa! Eso no podía sorprenderme mucho.

J’avais ainsi appris une seconde chose très importante: c’est que sa planète d’origine était à peine plus grande qu’une maison! Ça ne pouvait pas m’étonner beaucoup.

Bien sabía que aparte de los grandes planetas como la Tierra, Júpiter, Marte, Venus, a los que se les dio nombre, hay otros centenares que son a veces tan pequeños que cuesta mucho divisarlos con el telescopio.

Je savais bien qu’en dehors des grosses planètes comme la Terre, Jupiter, Mars, Vénus, auxquelles on a donné des noms, il y en a des centaines d’autres qui sont quelquefois si petites qu’on a beaucoup de mal à les apercevoir au télescope.

Cuando un astrónomo descubre uno de ellos, lo bautiza con un número. Lo llama por ejemplo: ‘el asteroide 325.’

Quand un astronome découvre l’une d’elles, il lui donne pour nom un numéro. Il l’appelle par exemple: “l’astéroïde 325”.

Tengo serias razones para creer que el planeta de donde venía el principito es el asteroide B 612.

J’ai de sérieuses raisons de croire que la planète d’où venait le petit prince est l’astéroïde B 612.

Ese asteroide no fue visto más que una vez con telescopio, en 1909, por un astrónomo turco.

Cet astéroïde n’a été aperçu qu’une fois au télescope, en 1909, par un astronome turc.

Había hecho entonces una gran demostración de su descubrimiento en un Congreso Internacional de Astronomía. Pero nadie le había creído a causa de su vestimenta. Los adultos son así.

Il avait fait alors une grande démonstration de sa découverte à un congrès International d’astronomie. Mais personne ne l’avait cru à cause de son costume. Les grandes personnes sont comme ça.

Afortunadamente para la reputación del asteroide B 612, un dictador turco impuso a su pueblo, bajo pena de muerte, vestirse a la europea. El astrónomo repitió su demostración en 1920, con un traje muy elegante. Y esta vez todo el mundo estuvo de acuerdo con él.

Heureusement pour la réputation de l’astéroïde B 612, un dictateur turc imposa à son peuple, sous peine de mort, de s’habiller à l’européenne. L’astronome refit sa démonstration en 1920, dans un habit très élégant. Et cette fois-ci tout le monde fut de son avis.

Si les he contado estos detalles sobre el asteroide B 612 y si les revelé su número, es a causa de los adultos. A los adultos les gustan los números.

Si je vous ai raconté ces détails sur l’astéroïde B 612 et si je vous ai confié son numéro, c’est à cause des grandes personnes. Les grandes personnes aiment les chiffres.

Cuando uno les habla de un nuevo amigo, nunca preguntan sobre lo esencial. Nunca te dicen: “¿Cómo es el sonido de su voz? ¿Cuáles son los juegos que prefiere? ¿Colecciona mariposas?”

Quand vous leur parlez d’un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l’essentiel. Elles ne vous disent jamais: “Quel est le son de sa voix? Quels sont les jeux qu’il préfère? Est-ce qu’il collectionne les papillons?”

Te preguntan: “¿Qué edad tiene? ¿Cuántos hermanos tiene? ¿Cuánto pesa? ¿Cuánto gana su padre?” Sólo entonces creen conocerlo.

Elles vous demandent: “Quel âge a-t-il? Combien a-t-il de frères? Combien pèse-t-il? Combien gagne son père?” Alors seulement elles croient le connaître.

Si uno dice a los adultos: “Vi una bella casa de ladrillos rosas, con geranios en las ventanas y palomas en el techo...” no logran imaginársela.

Si vous dites aux grandes personnes: “J’ai vu une belle maison en briques roses, avec des géraniums aux fenêtres et des colombes sur le toit...” elles ne parviennent pas à s’imaginer cette maison.

Hay que decirles: “Vi una casa de cien mil francos.” Entonces exclaman: “¡Qué lindo!”

Il faut leur dire: “J’ai vu une maison de cent mille francs.” Alors elles s’écrient: “Comme c’est joli!”

Así, si uno les dice: “La prueba de que el principito existió es que era encantador, que reía y que quería un cordero. Cuando se quiere un cordero, es prueba de que se existe”, alzarán los hombros y ¡te tratarán como a un niño!

Ainsi, si vous leur dites: “La preuve que le petit prince a existé c’est qu’il était ravissant, qu'il riait, et qu’il voulait un mouton. Quand on veut un mouton, c’est la preuve qu’on existe”; elles hausseront les épaules et vous traiteront d’enfant!

Pero si uno les dice: “El planeta del que venía es el asteroide B 612”, entonces quedarán convencidos y no molestarán más con sus preguntas. Son así, no hay que disgustarse con ellos. Los niños deben ser muy indulgentes con los adultos.

Mais si vous leur dites: “La planète d’où il venait est l’astéroïde B 612” alors elles seront convaincues, et elles vous laisseront tranquille avec leurs questions. Elles sont comme ça. Il ne faut pas leur en vouloir. Les enfants doivent être très indulgents envers les grandes personnes.

Pero, claro está, nosotros que comprendemos la vida ¡nos burlamos de los números! Me hubiera gustado comenzar esta historia a la manera de los cuentos de hadas.

Mais, bien sûr, nous qui comprenons la vie, nous nous moquons bien des numéros! J’aurais aimé commencer cette histoire à la façon des contes de fées.

Me hubiera gustado decir: “Había una vez un principito que vivía en un planeta apenas más grande que él, y que necesitaba un amigo...”

J’aurais aimé dire: “Il était une fois un petit prince qui habitait une planète à peine plus grande que lui, et qui avait besoin d’un ami...”

Para quienes comprenden la vida, habría resultado mucho más verosímil. Porque no quiero que mi libro se lea a la ligera. Siento tanta pena al contar estos recuerdos.

Pour ceux qui comprennent la vie, ça aurait eu l’air beaucoup plus vrai. Car je n’aime pas qu’on lise mon livre à la légère. J’éprouve tant de chagrin à raconter ces souvenirs.

Hace ya seis años que mi amigo se fue con su cordero. Si intento acá describirlo, es con el fin de no olvidarlo. Es triste olvidar a un amigo. No todo el mundo tuvo un amigo. Y puedo transformarme en un adulto que no se interesa más que por las cifras.

Il y a six ans déjà que mon ami s’en est allé avec son mouton. Si j’essaie ici de le décrire, c’est afin de ne pas l’oublier. C’est triste d’oublier un ami. Tout le monde n’a pas eu un ami. Et je puis devenir comme les grandes personnes qui ne s’intéressent plus qu’aux chiffres.

Es sobretodo por eso que compré una caja de colores y lápices.

C’est donc pour ça encore que j’ai acheté une boîte de couleurs et des crayons.

Es duro volver a ponerse a dibujar, a mi edad, no habiendo hecho más tentativas que las de una boa cerrada y una boa abierta, ¡a la edad de seis años!

C’est dur de se remettre au dessin, à mon âge, quand on n’a jamais fait d’autres tentatives que celle d’un boa fermé et celle d’un boa ouvert, à l’âge de six ans!

Trataré, por supuesto, de hacer retratos lo más fieles posibles. Pero no estoy bien seguro de lograrlo. Un dibujo va, y el otro ya no concuerda.

J’essaierai, bien sûr, de faire des portraits le plus ressemblants possible. Mais je ne suis pas tout à fait certain de réussir. Un dessin va, et l’autre ne ressemble plus.

Me equivoco también un poco con la estatura. Acá el principito es demasiado grande. Luego demasiado pequeño. Titubeo también sobre el color de su ropa. Entonces tanteo así y asá, mal que bien.

Je me trompe un peu aussi sur la taille. Ici le petit prince est trop grand. Là il est trop petit. J’hésite aussi sur la couleur de son costume. Alors je tâtonne comme ci et comme ça, tant bien que mal.

Me puedo equivocar incluso en detalles más importantes. Pero me tendrán que perdonar. Mi amigo no daba nunca explicaciones. Posiblemente me creía parecido a él. Pero yo, lamentablemente, no puedo ver corderos a través de las cajas.

Je me tromperai enfin sur certains détails plus importants. Mais ça, il faudra me le pardonner. Mon ami ne donnait jamais d’explications. Il me croyait peut-être semblable à lui. Mais moi, malheureusement, je ne sais pas voir les moutons à travers les caisses.

Quizá sea un poco como las personas mayores. Debo haber envejecido.

Je suis peut-être un peu comme les grandes personnes. J’ai dû vieillir.

Capítulo V

Chapitre V

Cada día aprendía algo sobre el planeta, sobre la partida, sobre el viaje; muy pausadamente, al azar de las reflexiones. Es así como el tercer día conocí el drama de los baobabs.

Chaque jour j’apprenais quelque chose sur la planète, sur le départ, sur le voyage. Ça venait tout doucement, au hasard des réflexions. C’est ainsi que, le troisième jour, je connus le drame des baobabs.

Fue de nuevo gracias al cordero, porque bruscamente el principito me preguntó, como asaltado por una grave duda: — ¿Es bien seguro, verdad, que los corderos comen arbustos?

Cette fois-ci encore ce fut grâce au mouton, car brusquement le petit prince m’interrogea, comme pris d’un doute grave: “C’est bien vrai, n’est-ce pas, que les moutons mangent les arbustes?”

— Sí, es cierto.

“Oui. C’est vrai.”

— ¡Ah! Me alegro.

“Ah! Je suis content!”

No entendí por qué era tan importante que los corderos comiesen arbustos. Pero el principito agregó: — ¿Entonces comen también baobabs?

Je ne compris pas pourquoi il était si important que les moutons mangeassent les arbustes. Mais le petit prince ajouta: “Par conséquent ils mangent aussi les baobabs?”

Le hice notar al principito que los baobabs no son arbustos sino árboles grandes como iglesias y que aunque se llevara toda una manada de elefantes, la manada no acabaría ni con un solo baobab.

Je fis remarquer au petit prince que les baobabs ne sont pas des arbustes, mais des arbres grands comme des églises et que, si même il emportait avec lui tout un troupeau d’éléphants, ce troupeau ne viendrait pas à bout d’un seul baobab.

La idea de la manada de elefantes hizo reír al principito: — Habría que ponerlos unos sobre otros...

L’idée du troupeau d’éléphants fit rire le petit prince: “Il faudrait les mettre les uns sur les autres...”

Pero señaló sabiamente: — Antes de crecer, los baobabs comienzan siendo pequeños.

Mais il remarqua avec sagesse: “Les baobabs, avant de grandir, ça commence par être petit.”

— ¡Es verdad! Pero ¿por qué quieres que tus corderos coman los pequeños baobabs?

“C’est exact! Mais pourquoi veux-tu que tes moutons mangent les petits baobabs?”

Me respondió: “¡Bueno! ¡Vamos!” como si fuera algo evidente. Y necesité un gran esfuerzo mental para comprender por mí mismo el problema.

Il me répondit: “Ben! Voyons!” comme il s’agissait là d’une évidence. Et il me fallut un grand effort d’intelligence pour comprendre à moi seul ce problème.

Resulta que en el planeta del principito había, como en todos los planetas, hierbas buenas y hierbas malas.

Et en effet, sur la planète du petit prince, il y avait comme sur toutes les planètes, de bonnes herbes et de mauvaises herbes.

Por lo tanto buenas semillas de hierbas buenas y malas semillas de hierbas malas. Pero las semillas son invisibles. Duermen en el secreto de la tierra hasta que a una se le antoja despertarse.

Par conséquent de bonnes graines de bonnes herbes et de mauvaises graines de mauvaises herbes. Mais les graines sont invisibles. Elles dorment dans le secret de la terre jusqu’à ce qu’il prenne fantaisie à l’une d’elles de se réveiller.

Entonces se estira, y extiende tímidamente hacia el sol una encantadora ramita inofensiva.

Alors elle s’étire, et pousse d’abord timidement vers le soleil une ravissante petite brindille inoffensive.

Si se trata de una ramita de rábano o de rosal, se la puede dejar crecer como quiera. Pero si se trata de una maleza, hay que arrancarla en seguida, en cuanto se la reconoce.

S'il s'agit d'une brindille de radis ou de rosier, on peut la laisser pousser comme elle veut. Mais s’il s’agit d’une mauvaise plante, il faut arracher la plante aussitôt, dès qu’on a su la reconnaître.

Ahora bien, había unas semillas terribles en el planeta del principito... eran las semillas de baobab. El suelo del planeta estaba plagado de ellas.

Or il y avait des graines terribles sur la planète du petit prince... c’étaient les graines de baobabs. Le sol de la planète en était infesté.

Y de un baobab, si uno se deja estar, no es posible desembarazarse nunca más. Obstruye todo el planeta. Lo perfora con sus raíces. Y si el planeta es demasiado pequeño, y si los baobabs son numerosos, lo hacen estallar.

Or un baobab, si l’on s'y prend trop tard, on ne peut jamais plus s’en débarrasser. Il encombre toute la planète. Il la perfore de ses racines. Et si la planète est trop petite, et si les baobabs sont trop nombreux, ils la font éclater.

“Es cuestión de disciplina, me decía más tarde el principito. Después de terminar la higiene matinal, hay que hacer con cuidado la limpieza del planeta. Hay que obligarse regularmente a arrancar los baobabs en cuanto se los distingue de los rosales, a los que se parecen mucho cuando son muy jóvenes. Es un trabajo muy fastidioso, pero muy fácil.”

“C’est une question de discipline, me disait plus tard le petit prince. Quand on a terminé sa toilette du matin, il faut faire soigneusement la toilette de la planète. Il faut s’astreindre régulièrement à arracher les baobabs dès qu’on les distingue d’avec les rosiers auxquels ils ressemblent beaucoup quand ils sont très jeunes. C’est un travail très ennuyeux, mais très facile.”

Y un día me aconsejó esforzarme en lograr un buen dibujo, para meter bien esto en la cabeza de los niños de mi tierra. “Si algún día viajan, me decía, esto les puede servir. A veces no hay problema en dejar el trabajo para después. Pero en caso de tratarse de baobabs, es siempre catastrófico. Conocí un planeta habitado por un perezoso. Había ignorado tres arbustos...”

Et un jour il me conseilla de m’appliquer à réussir un beau dessin, pour bien faire entrer ça dans la tête des enfants de chez moi. “S’ils voyagent un jour, me disait-il, ça pourra leur servir. Il est quelquefois sans inconvénient de remettre à plus tard son travail. Mais, s’il s’agit des baobabs, c’est toujours une catastrophe. J’ai connu une planète, habitée par un paresseux. Il avait négligé trois arbustes...”

Y con las indicaciones del principito, dibujé el planeta en cuestión.

Et, sur les indications du petit prince, j’ai dessiné cette planète-là.

No me gusta adoptar un tono moralista. Pero el peligro de los baobabs es tan poco conocido, y los riesgos a correr por quien se pudiera perder en un asteroide tan considerables, que por una vez hago excepción a mi reserva.

Je n’aime guère prendre le ton d’un moraliste. Mais le danger des baobabs est si peu connu, et les risques courus par celui qui s’égarerait dans un astéroïde sont si considérables, que, pour une fois, je fais exception à ma réserve.

Digo: “¡Niños! ¡Tengan cuidado con los baobabs!”

Je dis: “Enfants! Faites attention aux baobabs!”

Es para advertir a mis amigos sobre este peligro cercano, desconocido para ellos tanto como para mí, que trabajé tanto en este dibujo. La lección brindada bien valía la pena.

C’est pour avertir mes amis du danger qu’ils frôlaient depuis longtemps, comme moi-même, sans le connaître, que j’ai tant travaillé ce dessin-là. La leçon que je donnais en valait la peine.

Ustedes se preguntarán quizá: ¿Por qué no hay en este libro otros dibujos tan grandiosos como el dibujo de los baobabs?

Vous vous demanderez peut-être: Pourquoi n’y a-t-il pas dans ce livre, d’autres dessins aussi grandioses que le dessin des baobabs?

La respuesta es muy simple: lo intenté pero no lo pude lograr. Cuando dibujé los baobabs estuve animado por un sentimiento de urgencia.

 La réponse est bien simple: J’ai essayé mais je n’ai pas pu réussir. Quand j’ai dessiné les baobabs j’ai été animé par le sentiment de l’urgence.

Capítulo VI

Chapitre VI

Ah, principito! así fui comprendiendo poco a poco tu pequeña vida melancólica.

Ah! petit prince, j’ai compris, peu à peu, ainsi, ta petite vie mélancolique.

Por mucho tiempo no habías tenido por distracción más que la dulzura de las puestas de sol.

Tu n’avais eu longtemps pour distraction que la douceur des couchers de soleil.

Me enteré de este nuevo detalle el cuarto día a la mañana, cuando me dijiste: — Me encantan las puestas de sol. Vamos a ver una puesta de sol...

J’ai appris ce détail nouveau, le quatrième jour au matin, quand tu m’as dit: “J’aime bien les couchers de soleil. Allons voir un coucher de soleil...”

— Pero hay que esperar...

“Mais il faut attendre...”

— Esperar qué?

“Attendre quoi?”

— Esperar a que se ponga el sol.

“Attendre que le soleil se couche.”

Primero pareciste muy sorprendido, y luego te reíste de ti mismo.

Tu as eu l’air très surpris d’abord, et puis tu as ri de toi-même.

Y me dijiste: — Siempre creo que estoy en casa!

Et tu m’as dit: “Je me crois toujours chez moi!”

En efecto. Cuando es el mediodía en Estados Unidos, el sol, como todo el mundo sabe, se pone en Francia. Bastaría poder ir a Francia en un minuto para asistir a la puesta del sol. Lamentablemente, Francia está demasiado alejada. Pero en tu planeta tan pequeño, te alcanzaba con correr tu silla algunos pasos. Y mirabas el crepúsculo cada vez que lo deseabas...

En effet. Quand il est midi aux États-Unis, le soleil, tout le monde le sait, se couche sur la France. Il suffirait de pouvoir aller en France en une minute pour assister au coucher du soleil. Malheureusement la France est bien trop éloignée. Mais, sur ta si petite planète, il te suffisait de tirer ta chaise de quelques pas. Et tu regardais le crépuscule chaque fois que tu le désirais...

— Un día, vi al sol ponerse cuarenta y tres veces! Y un poco más tarde agregabas: — Sabes... cuando se está tan triste a uno le gustan las puestas de sol...

“Un jour, j’ai vu le soleil se coucher quarante-quatre fois!” Et un peu plus tard tu ajoutais: “Tu sais... quand on est tellement triste on aime les couchers de soleil...”

— El día de las cuarenta y tres veces estabas entonces muy triste? Pero el principito no respondió.

“Le jour des quarante-quatre fois tu étais donc tellement triste?” Mais le petit prince ne répondit pas.

Capítulo VII

Chapitre VII

El quinto día, siempre gracias al cordero, me fue revelado este secreto de la vida del principito.

Le cinquième jour, toujours grâce au mouton, ce secret de la vie du petit prince me fut révélé.

Me preguntó bruscamente, sin preámbulo, como resultado de un problema meditado largo tiempo en silencio: — Un cordero, si come arbustos, come también flores?

Il me demanda avec brusquerie, sans préambule, comme le fruit d’un problème longtemps médité en silence: “Un mouton, s’il mange les arbustes, il mange aussi les fleurs?”

— Un cordero come todo lo que encuentra.

“Un mouton mange tout ce qu’il rencontre.”

— Hasta las flores que tienen espinas?

“Même les fleurs qui ont des épines?”

— Sí. Hasta las flores que tienen espinas.

“Oui. Même les fleurs qui ont des épines.”

— Entonces las espinas, para qué sirven?

“Alors les épines, à quoi servent-elles?”

Yo no lo sabía.

“Je ne le savais pas.”

Estaba ensimismado intentando desenroscar un bulón demasiado ajustado de mi motor. Estaba muy preocupado porque mi avería empezaba a parecerme muy grave, y el agua potable que se agotaba me hacía temer lo peor.

J’étais alors très occupé à essayer de dévisser un boulon trop serré de mon moteur. J’étais très soucieux car ma panne commençait de m’apparaître comme très grave, et l’eau à boire qui s’épuisait me faisait craindre le pire.

— Las espinas, para qué sirven?

“Les épines, à quoi servent-elles?”

El principito no renunciaba nunca a una pregunta, una vez que la había formulado.

Le petit prince ne renonçait jamais à une question, une fois qu’il l’avait posée.

Yo estaba irritado por mi bulón y respondí cualquier cosa: — Las espinas no sirven para nada, es pura maldad de las flores!

J’étais irrité par mon boulon et je répondis n’importe quoi: “Les épines, ça ne sert à rien, c’est de la pure méchanceté de la part des fleurs!”

— Oh! Pero después de un silencio me largó, con un cierto rencor: — No te creo! Las flores son débiles. Son ingenuas. Se previenen como pueden. Se creen terribles con sus espinas. ..

“Oh!” Mais après un silence il me lança, avec une sorte de rancune: “Je ne te crois pas! Les fleurs sont faibles. Elles sont naïves. Elles se rassurent comme elles peuvent. Elles se croient terribles avec leurs épines...”

No respondí nada. En ese momento me decía: “Si este bulón sigue resistiendo, lo haré saltar de un martillazo.”

Je ne répondis rien. À cet instant-là je me disais: “Si ce boulon résiste encore, je le ferai sauter d’un coup de marteau.”

El principito perturbó de nuevo mis reflexiones: — Y tú crees que las flores...

Le petit prince dérangea de nouveau mes réflexions: “Et tu crois, toi, que les fleurs...”

— Pero no! Pero no! No creo nada! Respondí cualquier cosa. Yo me ocupo de cosas serias!

“Mais non! Mais non! Je ne crois rien! J’ai répondu n’importe quoi. Je m’occupe, moi, de choses sérieuses!”

Me miró estupefacto. — De cosas serias!

Il me regarda stupéfait. “De choses sérieuses!”

Me veía, con el martillo en la mano y los dedos negros de grasa, inclinado sobre un objeto que le parecía muy feo. — Hablas como los adultos!

Il me voyait, mon marteau à la main, et les doigts noirs de cambouis, penché sur un objet qui lui semblait très laid. “Tu parles comme les grandes personnes!”

Eso me dio un poco de vergüenza. Pero, implacable, agregó:  — Confundes todo... mezclas todo!

Ça me fit un peu honte. Mais, impitoyable, il ajouta: “Tu confonds tout... tu mélanges tout!”

Estaba realmente muy irritado. Agitaba al viento la cabellera dorada:

Il était vraiment très irrité. Il secouait au vent des cheveux tout dorés:

— Conozco un planeta donde hay un Señor rubicundo. Nunca olió una flor. Nunca miró una estrella. Nunca amó a nadie. Nunca hizo nada más que cuentas. Y todo el día repite como tú: “Soy un hombre serio! Soy un hombre serio!” y eso lo infla de orgullo. Pero no es un hombre, es un hongo!

“Je connais une planète où il y a un monsieur cramoisi. Il n’a jamais respiré une fleur. Il n’a jamais regardé une étoile. Il n’a jamais aimé personne. Il n’a jamais rien fait d’autre que des additions. Et toute la journée il répète comme toi: ‘Je suis un homme sérieux!  Je suis un homme sérieux!’ et ça le fait gonfler d’orgueil. Mais ce n’est pas un homme, c’est un champignon!”

— Un qué?

“Un quoi?”

— Un hongo!

“Un champignon!”

El principito se había puesto todo pálido de rabia.

Le petit prince était maintenant tout pâle de colère.

— Hace millones de años que las flores producen espinas. Hace millones de años que los corderos a pesar de todo se comen las flores. Y no es importante intentar entender por qué ellas se esfuerzan tanto en hacerse espinas que no sirven nunca para nada?

“Il y a des millions d’années que les fleurs fabriquent des épines. Il y a des millions d’années que les moutons mangent quand même les fleurs. Et ce n’est pas sérieux de chercher à comprendre pourquoi elles se donnent tant de mal pour se fabriquer des épines qui ne servent jamais à rien?

No es importante la guerra de los corderos y las flores? No es más serio y más importante que las cuentas de un voluminoso Señor colorado?

Ce n’est pas important la guerre des moutons et des fleurs? Ce n’est pas sérieux et plus important que les additions d’un gros monsieur rouge?

Y si yo conozco una flor única en el mundo que no existe en ninguna parte salvo en mi planeta, a la que un corderito puede aniquilar de un golpe, así no más, una mañana, sin darse cuenta de lo que hace, eso no es importante!

Et si je connais, moi, une fleur unique au monde, qui n’existe nulle part, sauf dans ma planète, et qu’un petit mouton peut anéantir d’un seul coup, comme ça, un matin, sans se rendre compte de ce qu’il fait, ce n’est pas important ça!”

Enrojeció, luego prosiguió: Si alguien ama a una flor de la que no existe más que un ejemplar en los millones y millones de estrellas, eso basta para que se sienta feliz cuando las mira. Se dice: “Mi flor está allá en algún lado...”

Il rougit, puis reprit: “Si quelqu’un aime une fleur qui n’existe qu’à un exemplaire dans les millions et les millions d’étoiles, ça suffit pour qu’il soit heureux quand il les regarde. Il se dit: ‘Ma fleur est là quelque part...’

Pero si el cordero se come la flor, es para él como si, de golpe, todas las estrellas se apagaran! Y eso no es importante!

Mais si le mouton mange la fleur, c’est pour lui comme si, brusquement, toutes les étoiles s’éteignaient! Et ce n’est pas important ça!”

No pudo decir nada más. Estalló bruscamente en sollozos. Había caído la noche. Yo había soltado mis herramientas. Bien me burlaba de mi martillo, de mi bulón, de la sed y de la muerte. Había en una estrella, un planeta, el mío, la Tierra, un principito para consolar!

Il ne put rien dire de plus. Il éclata brusquement en sanglots. La nuit était tombée. J’avais lâché mes outils. Je me moquais bien de mon marteau, de mon boulon, de la soif et de la mort. Il y avait sur une étoile, une planète, la mienne, la Terre, un petit prince à consoler!

Lo tomé entre mis brazos y lo mecí. Le decía: “La flor que amas no está en peligro... Dibujaré un bozal para tu cordero... Te dibujaré una coraza para tu flor... Te...”

Je le pris dans les bras. Je le berçai. Je lui disais: “La fleur que tu aimes n’est pas en danger. Je lui dessinerai une muselière, à ton mouton. Je te dessinerai une armure pour ta fleur. Je...”

No sabía bien qué decir. Me sentía muy torpe. No sabía cómo alcanzarlo, dónde encontrarlo... Es tan misterioso el país de las lágrimas.

Je ne savais pas trop quoi dire. Je me sentais très maladroit. Je ne savais comment l’atteindre, où le rejoindre. C’est tellement mystérieux, le pays des larmes!

Capítulo VIII

Chapitre VIII

Aprendí bien pronto a conocer mejor a esa flor.

J’appris bien vite à mieux connaître cette fleur.

Siempre había habido en el planeta del principito flores muy simples, adornadas con una sola fila de pétalos, que ocupaban poco lugar y que no molestaban a nadie. Aparecían una mañana en el pasto, y luego se extinguían a la noche.

Il y avait toujours eu, sur la planète du petit prince, des fleurs très simples, ornées d’un seul rang de pétales, et qui ne tenaient point de place, et qui ne dérangeaient personne. Elles apparaissaient un matin dans l’herbe, et puis elles s’éteignaient le soir.

Pero ésta había brotado un día de una semilla traída de no se sabe dónde, y el principito había vigilado muy de cerca esa ramita que no se parecía a las otras ramitas. Podría tratarse de un nuevo tipo de baobab. Pero el arbusto dejó pronto de crecer y comenzó a preparar una flor.

Mais celle-là avait germé un jour, d’une graine apportée d’on ne sait où, et le petit prince avait surveillé de très près cette brindille qui ne ressemblait pas aux autres brindilles. Ça pouvait être un nouveau genre de baobab. Mais l’arbuste cessa vite de croître, et commença de préparer une fleur.

El principito, que asistía a la instalación de un capullo enorme, sentía que de allí surgiría una aparición milagrosa, pero la flor no terminaba de prepararse para estar bella, al abrigo de su habitación verde.

Le petit prince, qui assistait à l’installation d’un bouton énorme, sentait bien qu’il en sortirait une apparition miraculeuse, mais la fleur n’en finissait pas de se préparer à être belle, à l’abri de sa chambre verte.

Elegía con cuidado sus colores. Se vestía lentamente, ajustaba sus pétalos uno por uno. No quería salir toda arrugada como las amapolas. No quería aparecer sino en pleno resplandor de su belleza.

Elle choisissait avec soin ses couleurs. Elle s’habillait lentement, elle ajustait un à un ses pétales. Elle ne voulait pas sortir toute fripée comme les coquelicots. Elle ne voulait apparaître que dans le plein rayonnement de sa beauté.

Y sí!. Era muy coqueta! Su aseo misterioso había entonces durado días y días. Y he aquí que una mañana, justo a la hora de la salida del sol, se había mostrado.

Eh! oui. Elle était très coquette! Sa toilette mystérieuse avait donc duré des jours et des jours. Et puis voici qu’un matin, justement à l’heure du lever du soleil, elle s’était montrée.

Y ella, que había trabajado con tanta precisión, dijo bostezando: — Ah! acabo de despertarme... Le pido perdón... Estoy todavía toda despeinada...

Et elle, qui avait travaillé avec tant de précision, dit en bâillant: “Ah! Je me réveille à peine... Je vous demande pardon... Je suis encore toute décoiffée...”

El principito, entonces, no pudo contener su admiración: — Qué bella es usted!

Le petit prince, alors, ne put contenir son admiration: “Que vous êtes belle!

— Verdad que sí -respondió dulcemente la flor-. Y nací al mismo tiempo que el sol...

“N’est-ce pas,” répondit doucement la fleur. “Et je suis née en même temps que le soleil...”

El principito comprendió que no era muy modesta, pero era tan conmovedora!

Le petit prince devina bien qu’elle n’était pas trop modeste, mais elle était si émouvante!

— Es la hora, creo, del desayuno -había agregado poco después-, tendría la bondad de pensar en mí...

“C’est l’heure, je crois, du petit déjeuner,” avait-elle bientôt ajouté, “auriez-vous la bonté de penser à moi...”

Y el principito, todo turbado, buscando una regadera con agua fresca había atendido a la flor.

Et le petit prince, tout confus, ayant été chercher un arrosoir d’eau fraîche, avait servi la fleur.

Así, ella lo había atormentado en seguida con su vanidad un poco tempestuosa.

Ainsi l’avait-elle bien vite tourmenté par sa vanité un peu ombrageuse.

Un día, por ejemplo, hablando de sus cuatro espinas, le dijo al principito: — Ya pueden venir, los tigres, con sus garras!

Un jour, par exemple, parlant de ses quatre épines, elle avait dit au petit prince: “Ils peuvent venir, les tigres, avec leurs griffes!”

— No hay tigres en mi planeta -había objetado el principito-, y además los tigres no comen hierba.

“Il n’y a pas de tigres sur ma planète,” avait objecté le petit prince, “et puis les tigres ne mangent pas d’herbe.”

— Yo no soy una hierba-, había respondido suavemente la flor.

“Je ne suis pas une herbe,” avait doucement répondu la fleur.

— Discúlpeme...

“Pardonnez-moi...”

— No temo en absoluto a los tigres, pero tengo horror a las corrientes de aire. No tendría usted una pantalla?

“Je ne crains rien des tigres, mais j’ai horreur des courants d’air. Vous n’auriez pas un paravent?”

“Horror a las corrientes de aire... no es muy afortunado, para una planta, había observado el principito. Esta flor es bien complicada...”

“Horreur des courants d’air... ce n’est pas de chance, pour une plante,” avait remarqué le petit prince. “Cette fleur est bien compliquée...”

— A la noche me pondrá bajo un globo. Hace mucho frío en este lugar. Está mal acondicionado. Allá, de donde vengo...

“Le soir vous me mettrez sous un globe. Il fait très froid chez vous. C’est mal installé. Là d’où je viens...”

Pero se interrumpió. Ella había venido en forma de semilla. No había podido conocer nada de otros mundos.

Mais elle s’était interrompue. Elle était venue sous forme de graine. Elle n’avait rien pu connaître des autres mondes.

Humillada por haberse dejado sorprender preparando una mentira tan ingenua, había tosido dos o tres veces para hacer sentir en falta al principito: — Y esa pantalla?...

Humiliée de s’être laissé surprendre à préparer un mensonge aussi naïf, elle avait toussé deux ou trois fois, pour mettre le petit prince dans son tort: “Ce paravent?...”

— Iba a buscarla pero usted me hablaba!

“J’allais le chercher mais vous me parliez!”

Entonces ella había forzado su tos para infligirle de todos modos remordimientos.

Alors elle avait forcé sa toux pour lui infliger quand même des remords.

Así el principito, a pesar de la buena voluntad de su amor, pronto dudó de ella. Había tomado en serio palabras sin importancia, y se volvió muy desdichado.

Ainsi le petit prince, malgré la bonne volonté de son amour, avait vite douté d’elle. Il avait pris au sérieux des mots sans importance, et était devenu très malheureux.

“Debería no haberla escuchado -me confió un día-, no hay que escuchar nunca a las flores. Hay que mirarlas y olerlas. La mía perfumaba mi planeta, pero yo no sabía alegrarme con ella. Esa historia de garras, que me había irritado tanto, debería haberme enternecido...”

“J’aurais dû ne pas l’écouter,” me confia-t-il un jour, “il ne faut jamais écouter les fleurs. Il faut les regarder et les respirer. La mienne embaumait ma planète, mais je ne savais pas m’en réjouir. Cette histoire de griffes, qui m’avait tellement agacé, eût dû m’attendrir…”

Me confió todavía: “No supe entonces entender nada! Debería haberla juzgado por los actos y no por las palabras. Me perfumaba y me iluminaba. Nunca debería haberme escapado!

Il me confia encore: “Je n’ai alors rien su comprendre! J’aurais dû la juger sur les actes et non sur les mots. Elle m’embaumait et m’éclairait. Je n’aurais jamais dû m’enfuir!

Debería haber adivinado su ternura detrás de sus pobres artimañas. Las flores son tan contradictorias! Pero yo era demasiado joven para saber amarla.

J’aurais dû deviner sa tendresse derrière ses pauvres ruses. Les fleurs sont si contradictoires! Mais j’étais trop jeune pour savoir l’aimer”

Capítulo IX

Chapitre IX

Creo que aprovechó, para su evasión, una migración de pájaros salvajes.

Je crois qu’il profita, pour son évasion, d’une migration d’oiseaux sauvages.

La mañana de su partida ordenó bien su planeta. Deshollinó cuidadosamente sus volcanes en actividad. Tenía dos volcanes en actividad, lo cual era muy cómodo para calentar el desayuno a la mañana.

Au matin du départ il mit sa planète bien en ordre. Il ramona soigneusement ses volcans en activité. Il possédait deux volcans en activité. Et c’était bien commode pour faire chauffer le petit déjeuner du matin.

Tenía también un volcán apagado. Pero, como él decía, “Nunca se sabe!”. Deshollinó entonces también el volcán apagado.

Il possédait aussi un volcan éteint. Mais, comme il disait, “On ne sait jamais!” Il ramona donc également le volcan éteint.

Si están bien limpios, los volcanes arden suave y regularmente, sin erupciones.

S’ils sont bien ramonés, les volcans brûlent doucement et régulièrement, sans éruptions.

Las erupciones volcánicas son como fuegos de chimenea. Evidentemente en nuestra tierra somos demasiado pequeños para deshollinar nuestros volcanes. Es por eso que nos causan cantidades de problemas.

Les éruptions volcaniques sont comme des feux de cheminée. Évidemment sur notre terre nous sommes beaucoup trop petits pour ramoner nos volcans. C’est pourquoi ils nous causent des tas d’ennuis.

El principito arrancó también, con un poco de melancolía, los últimos brotes de baobabs. Creía que nunca más iba a volver. Pero aquella mañana, todos esos trabajos familiares le parecieron extremadamente agradables.

Le petit prince arracha aussi, avec un peu de mélancolie, les dernières pousses de baobabs. Il croyait ne plus jamais devoir revenir. Mais tous ces travaux familiers lui parurent, ce matin-là, extrêmement doux.

Y, cuando regó por última vez la flor y se dispuso a ponerla al abrigo bajo su globo, descubrió que tenía ganas de llorar.

Et, quand il arrosa une dernière fois la fleur, et se prépara à la mettre à l’abri sous son globe, il se découvrit l’envie de pleurer.

— Adiós- le dijo a la flor.

“Adieu,” dit-il à la fleur.

Pero ella no le respondió.

Mais elle ne lui répondit pas.

— Adiós- repitió.

“Adieu,” répéta-t-il.

La flor tosió. Pero no era a causa de su resfrío. — He sido tonta- le dijo al fin. – Te pido perdón. Procura ser feliz.

La fleur toussa. Mais ce n’était pas à cause de son rhume. “J’ai été sotte,” lui dit-elle enfin. “Je te demande pardon. Tâche d’être heureux.”

Él se sorprendió por la ausencia de reproches. Se quedó ahí desconcertado, con el globo en el aire. No comprendía esa calma dulzura.

Il fut surpris par l’absence de reproches. Il restait là tout déconcerté, le globe en l’air. Il ne comprenait pas cette douceur calme.

— Pero sí, te quiero- le dijo la flor. – No lo supiste, por mi culpa. Eso no tiene ninguna importancia. Pero tú has sido tan tonto como yo. Procura ser feliz... Deja ese globo tranquilo. Ya no lo quiero.

“Mais oui, je t’aime,” lui dit la fleur. “Tu n’en a rien su, par ma faute. Cela n’a aucune importance. Mais tu as été aussi sot que moi. Tâche d’être heureux... Laisse ce globe tranquille. Je n’en veux plus.”

— Pero el viento...

“Mais le vent”

— No estoy tan resfriada.... El aire fresco de la noche me hará bien. Soy una flor.

“Je ne suis pas si enrhumée que ça... L’air frais de la nuit me fera du bien. Je suis une fleur.”

— Pero los bichos...

“Mais les bêtes...”

— Debo soportar dos o tres orugas si quiero conocer a las mariposas. Parece que es hermoso. Si no, quién habrá de visitarme? Tú estarás lejos. En cuanto a los animales grandes, no les temo. Tengo mis uñas.

“Il faut bien que je supporte deux ou trois chenilles si je veux connaître les papillons. Il paraît que c’est tellement beau. Sinon qui me rendra visite? Tu seras loin, toi. Quant aux grosses bêtes, je ne crains rien. J’ai mes griffes.”

Y mostraba cándidamente sus cuatro espinas. Luego agregó: — No des más vueltas, es irritante. Has decidido partir. Vete.

Et elle montrait naïvement ses quatre épines. Puis elle ajouta: “Ne traîne pas comme ça, c’est agaçant. Tu as décidé de partir. Va t-en.”

Porque no quería que la viera llorar. Era una flor tan orgullosa...

Car elle ne voulait pas qu’il la vît pleurer. C’était une fleur tellement orgueilleuse...

Capítulo X

Chapitre X

Se encontraba en la región de los asteroides 325, 326, 327, 328, 329 y 330.

Il se trouvait dans la région des astéroïdes 325, 326, 327, 328, 329 et 330.

Empezó entonces por visitarlos para buscar en ellos una ocupación y para instruirse.

Il commença donc par les visiter pour y chercher une occupation et pour s’instruire.

El primero estaba habitado por un rey. El rey estaba instalado, vestido de púrpura y armiño, sobre un trono muy simple y sin embargo majestuoso.

Le premier était habité par un roi. Le roi siégeait, habillé de pourpre et d’hermine, sur un trône très simple et cependant majestueux.

— Ah! He aquí un súbdito, – exclamó el rey cuando divisó al principito.

“Ah! Voilà un sujet!” s’écria le roi quand il aperçut le petit prince.

Y el principito se preguntó: “Cómo puede reconocerme si nunca me ha visto antes!”

Et le petit prince se demanda: “Comment peut-il me reconnaître puisqu’il ne m’a encore jamais vu!”

No sabía que, para los reyes, el mundo está muy simplificado. Todos los hombres son súbditos.

Il ne savait pas que, pour les rois, le monde est très simplifié. Tous les hommes sont des sujets.

— Acércate para que te vea mejor – le dijo el rey, que estaba muy orgulloso de ser rey para alguien.

“Approche-toi que je te voie mieux,” lui dit le roi qui était tout fier d’être enfin roi pour quelqu’un.

El principito buscó con los ojos dónde sentarse, pero el planeta estaba todo cubierto por el magnífico manto de armiño. Permaneció entonces de pie, y como estaba cansado bostezó.

Le petit prince chercha des yeux où s’asseoir, mais la planète était tout encombrée par le magnifique manteau d’hermine. Il resta donc debout, et, comme il était fatigué, il bâilla.

— Es contrario a la etiqueta bostezar en presencia de un rey – le dijo el monarca. Te lo prohíbo.

“Il est contraire à l’étiquette de bâiller en présence d’un roi,” lui dit le monarque. “Je te l’interdis.”

— No puedo evitarlo – respondió el principito muy confundido. – Hice un largo viaje y no he dormido...

“Je ne peux pas m’en empêcher,” répondit le petit prince tout confus. “J’ai fait un long voyage et je n’ai pas dormi...”

— Entonces – le dijo el rey – te ordeno bostezar. No he visto a nadie bostezar desde hace años. Los bostezos son para mí una rareza. Vamos! bosteza de nuevo. Es una orden.

“Alors,” lui dit le roi, “je t’ordonne de bâiller. Je n’ai vu personne bâiller depuis des années. Les bâillements sont pour moi des curiosités. Allons! bâille encore. C’est un ordre.”

— Me siento intimidado... ya no puedo... – dijo el principito todo colorado.

“Ça m’intimide... je ne peux plus...” fit le petit prince tout rougissant.

— Hum! Hum! – respondió el rey. – Entonces te... te ordeno bostezar unas veces y otras veces...

“Hum! Hum!” répondit le roi. “Alors je... je t’ordonne tantôt de bâiller et tantôt de...”

Balbuceaba un poco y parecía incómodo. Porque el rey cuidaba especialmente que su autoridad fuera respetada. No toleraba la desobediencia. Era un monarca absoluto. Pero, como era muy bueno, impartía órdenes razonables.

Il bredouillait un peu et paraissait vexé. Car le roi tenait essentiellement à ce que son autorité fût respectée. Il ne tolérait pas le désobéissance. C’était un monarque absolu. Mais comme il était très bon, il donnait des ordres raisonnables.

“Si yo ordenara – decía habitualmente – si yo ordenara a un general convertirse en ave marina, y si el general no obedeciera, no sería la culpa del general. Sería mi culpa.”

“Si j’ordonnais,” disait-il couramment, “si j’ordonnais à un général de se changer en oiseau de mer, et si le général n’obéissait pas, ce ne serait pas la faute du général. Ce serait ma faute.”

— Me puedo sentar? – inquirió tímidamente el principito.

“Puis-je m’asseoir?” s’enquit timidement le petit prince.

— Te ordeno que te sientes – le respondió el rey, que recogió majestuosamente un faldón de su manto de armiño.

“Je t’ordonne de t’asseoir,” lui répondit le roi, qui ramena majestueusement un pan de son manteau d’hermine.

Pero el principito estaba extrañado. El planeta era minúsculo. Sobre qué podía reinar el rey?

Mais le petit prince s’étonnait. La planète était minuscule. Sur quoi le roi pouvait-il bien régner?

— Majestad – le dijo... – le pido disculpas por interrogarlo...

“Sire,” lui dit-il, “je vous demande pardon de vous interroger...”

— Te ordeno interrogarme – se apresuró a decir el rey.

“Je t’ordonne de m’interroger,” se hâta de dire le roi.

— Majestad... sobre qué reina usted?

“Sire... sur quoi régnez-vous?”

— Sobre todo – respondió el rey, con una gran simplicidad.

“Sur tout,” répondit le roi, avec une grande simplicité.

— Sobre todo?

“Sur tout?”

El rey con un gesto discreto señaló su planeta, los otros planetas y las estrellas.

Le roi d’un geste discret désigna sa planète, les autres planètes et les étoiles.

— Sobre todo eso? – dijo el principito.

“Sur tout ça?”  dit le petit prince.

— Sobre todo eso... – respondió el rey.

“Sur tout ça...” répondit le roi.

Porque no sólo era un monarca absoluto sino que era un monarca universal.

Car non seulement c’était un monarque absolu mais c’était un monarque universel.

— Y las estrellas le obedecen?

“Et les étoiles vous obéissent?”

— Por supuesto – le dijo el rey. – Obedecen enseguida. No tolero la indisciplina.

“Bien sûr,” lui dit le roi. “Elles obéissent aussitôt. Je ne tolère pas l’indiscipline.”

Semejante poder maravilló al principito. Si él mismo lo hubiera tenido, habría podido asistir, no a cuarenta y cuatro, sino a setenta y dos, o incluso a cien, o incluso a doscientas puestas de sol en el mismo día, sin tener que correr nunca su silla!

Un tel pouvoir émerveilla le petit prince. S’il l’avait détendu lui-même, il aurait pu assister, non pas à quarante-quatre, mais à soixante-douze, ou même à cent, ou même à deux cents couchers de soleil dans la même journée, sans avoir jamais à tirer sa chaise!

Y como se sentía un poco triste por el recuerdo de su pequeño planeta abandonado, se atrevió a solicitar una gracia al rey:

Et comme il se sentait un peu triste à cause du souvenir de sa petite planète abandonnée, il s’enhardit à solliciter une grâce du roi:

— Quisiera ver una puesta de sol... Tenga la bondad... Ordénele al sol ocultarse...

“Je voudrais voir un coucher de soleil... Faites-moi plaisir... Ordonnez au soleil de se coucher...”

— Si ordenara a un general volar de una flor a otra como una mariposa, o escribir una tragedia, o convertirse en ave marina, y si el general no ejecutara la orden recibida, quién estaría en falta, él o yo?

“Si j’ordonnais à un général de voler d’une fleur à l’autre à la façon d’un papillon, ou d’écrire une tragédie, ou de se changer en oiseau de mer, et si le général n’exécutait pas l’ordre reçu, qui, de lui ou de moi, serait dans son tort?”

— Sería usted – dijo con firmeza el principito.

“Ce serait vous,” dit fermement le petit prince.

— Exacto. Debe exigirse de cada uno lo que cada uno puede dar – prosiguió el rey. – La autoridad se fundamenta en primer lugar en la razón. Si ordenas a tu pueblo que se tire al mar, hará la revolución. Yo tengo el derecho de exigir obediencia porque mis órdenes son razonables.

“Exact. Il faut exiger de chacun ce que chacun peut donner,” reprit le roi. “L’autorité repose d’abord sur la raison. Si tu ordonnes à ton peuple d’aller se jeter à la mer, il fera la révolution. J’ai le droit d’exiger l’obéissance parce que mes ordres sont raisonnables.”

— Y mi puesta de sol? – recordó el principito, que nunca olvidaba una pregunta una vez que la había formulado.

“Alors mon coucher de soleil?” rappela le petit prince qui jamais n’oubliait une question une fois qu’il l’avait posée.

— Tu puesta de sol, la tendrás. Yo la exigiré. Pero esperaré, con mi ciencia de gobernante, que las condiciones sean favorables.

“Ton coucher de soleil, tu l’auras. Je l’exigerai. Mais j’attendrai, dans ma science du gouvernement, que les conditions soient favorables.”

— Cuándo será eso? – se informó el principito.

“Quand ça sera-t-il?” s’informa le petit prince.

— Hem! hem! – le respondió el rey, que consultó primero un gran calendario, – hem! hem! será a eso de... a eso de... será esta tarde a eso de las siete horas cuarenta! Y ya verás cómo soy obedecido.

“Hem! Hem!” lui répondit le roi, qui consulta d’abord un gros calendrier, “Hem! Hem! Ce sera, vers... vers... ce sera ce soir vers sept heures quarante! Et tu verras comme je suis bien obéi.”

El principito bostezó. Echaba de menos su puesta de sol fallida. Y además ya se aburría un poco: — No tengo más nada que hacer acá – le dijo al rey. – Voy a seguir viaje!

Le petit prince bâilla. Il regrettait son coucher de soleil manqué. Et puis il s’ennuyait déjà un peu: “Je n’ai plus rien à faire ici,” dit-il au roi. “Je vais repartir!”

— No te vayas – respondió el rey, que estaba tan orgulloso de tener un súbdito. – No te vayas, te hago ministro!

“Ne pars pas,” répondit le roi qui était si fier d’avoir un sujet. “Ne pars pas, je te fais ministre!”

— Ministro de qué?

“Ministre de quoi?”

— De... de justicia!

“De... de la Justice!”

— Pero no hay nadie para juzgar!

“Mais il n’y a personne à juger!”

— No se sabe – le dijo el rey. – No di todavía la vuelta a mi reino. Soy muy viejo, no tengo lugar para una carroza y me cansa caminar.

“On ne sait pas,” lui dit le roi. “Je n’ai pas fait encore le tour de mon royaume. Je suis très vieux, je n’ai pas de place pour un carrosse, et ça me fatigue de marcher.”

— Oh! Pero yo ya vi – dijo el principito, que se inclinó para dar otro vistazo del otro lado del planeta. – No hay nadie allá tampoco...

“Oh! Mais j’ai déjà vu,” dit le petit prince qui se pencha pour jeter encore un coup d’œil sur l’autre côté de la planète. Il n’y a personne là-bas non plus...

— Te juzgarás entonces a ti mismo – le respondió el rey. – Es lo más difícil. Es mucho más difícil juzgarse a sí mismo que juzgar al prójimo. Si logras juzgarte correctamente, es que eres un verdadero sabio.

“Tu te jugeras donc toi-même,” lui répondit le roi. “C’est le plus difficile. Il est bien plus difficile de se juger soi-même que de juger autrui. Si tu réussis à bien te juger, c’est que tu es un véritable sage.”

— Yo – dijo el principito – me puedo juzgar a mí mismo en cualquier lado. No necesito vivir aquí.

“Moi,” dit le petit prince, “je puis me juger moi-même n’importe où. Je n’ai pas besoin d’habiter ici.”

— Hem! hem! – dijo el rey – creo que en algún lugar de mi planeta hay una vieja rata. La escucho por la noche. Podrás juzgar a esa vieja rata. La condenarás a muerte de vez en cuando. Así su vida dependerá de tu justicia. Pero la indultarás en cada ocasión para economizarla. No hay más que una.

“Hem! Hem!” dit le roi, “je crois bien que sur ma planète il y a quelque part un vieux rat. Je l’entends la nuit. Tu pourras juger ce vieux rat. Tu le condamneras à mort de temps en temps. Ainsi sa vie dépendra de ta justice. Mais tu le gracieras chaque fois pour l’économiser. Il n’y en a qu’un.”

— A mí – respondió el principito – no me gusta condenar a muerte, y creo que efectivamente me voy.

“Moi,” répondit le petit prince, “je n’aime pas condamner à mort, et je crois bien que je m’en vais.”

— No – dijo el rey.

“Non,” dit le roi.

Pero el principito, habiendo terminado sus preparativos, no quiso afligir al viejo monarca: — Si Vuestra Majestad quisiera ser obedecida puntualmente, me podría dar una orden razonable. Podría ordenarme, por ejemplo, partir antes de un minuto. Me parece que las condiciones son favorables...

Mais le petit prince, ayant achevé ses préparatifs, ne voulut point peiner le vieux monarque: “Si votre Majesté désirait être obéie ponctuellement, elle pourrait me donner un ordre raisonnable. Elle pourrait m’ordonner, par exemple, de partir avant une minute. Il me semble que les conditions sont favorables...”

Como el rey no respondía nada, el principito titubeó primero y luego, con un suspiro, emprendió la partida.

Le roi n’ayant rien répondu, le petit prince hésita d’abord, puis, avec un soupir, prit le départ...

— Te hago mi embajador – se apresuró a gritar el rey. Tenía un gran aspecto de autoridad.

“Je te fais mon ambassadeur,” se hâta alors de crier le roi. Il avait un grand air d’autorité.

Los adultos son muy extraños, se dijo a sí mismo el principito durante su viaje.

“Les grandes personnes sont bien étranges,” se dit le petit prince, en lui même, durant son voyage.

Capítulo XI

Chapitre XI

El segundo planeta estaba habitado por un vanidoso: — Ah! Ah! He aquí la visita de un admirador! – exclamó de lejos el vanidoso en cuanto divisó al principito.

La seconde planète était habitée par un vaniteux: “Ah! Ah! Voilà la visite d’un admirateur!” s’écria de loin le vaniteux dès qu’il aperçut le petit prince.

Porque, para los vanidosos, los demás hombres son admiradores.

Car, pour les vaniteux, les autres hommes sont des admirateurs.

— Buen día – dijo el principito. – Tiene usted un extraño sombrero.

“Bonjour,” dit le petit prince. “Vous avez un drôle de chapeau.”

— Es para saludar – le respondió el vanidoso. – Es para saludar cuando me aclaman. Lamentablemente no pasa nunca nadie por aquí.

“C’est pour saluer,” lui répondit le vaniteux. “C’est pour saluer quand on m’acclame. Malheureusement il ne passe jamais personne par ici.”

— Ah sí? – dijo el principito sin comprender.

“Ah oui?” dit le petit prince qui ne comprit pas.

— Golpea tus manos una contra la otra – sugirió entonces el vanidoso.

“Frappe tes mains l’une contre l’autre,” conseilla donc le vaniteux.

El principito golpeó sus manos.

Le petit prince frappa ses mains l’une contre l’autre.

El vanidoso saludó modestamente levantando su sombrero.

Le vaniteux salua modestement en soulevant son chapeau.

— Esto es más divertido que la visita al rey – se dijo el principito. Y siguió golpeando sus manos una contra la otra.

“Ça c’est plus amusant que la visite au roi,” se dit en lui même le petit prince. Et il recommença de frapper ses mains l’une contre l’autre.

El vanidoso volvió a saludar levantando su sombrero.

Le vaniteux recommença de saluer en soulevant son chapeau.

Después de cinco minutos de ejercicio, el principito se cansó de la monotonía del juego: — Y para que el sombrero se caiga – preguntó – qué hay que hacer?

Après cinq minutes d’exercice le petit prince se fatigua de la monotonie du jeu: “Et, pour que le chapeau tombe,” demanda-t-il, “que faut-il faire?”

Pero el vanidoso no lo escuchó. Los vanidosos nunca escuchan más que las alabanzas.

Mais le vaniteux ne l’entendit pas. Les vaniteux n’entendent jamais que les louanges.

— Me admiras realmente mucho? – le preguntó al principito.

“Est-ce que tu m’admires vraiment beaucoup?” demanda-t-il au petit prince.

— Qué significa admirar?

“Qu’est-ce que signifie admirer?”

— Admirar significa reconocer que soy el hombre más hermoso, mejor vestido, más rico y más inteligente del planeta.

“Admirer signifie reconnaître que je suis l’homme le plus beau, le mieux habillé, le plus riche et le plus intelligent de la planète.”

— Pero si estás solo en tu planeta!

“Mais tu es seul sur ta planète!”

— Dame ese gusto. Admírame de todos modos!

“Fais-moi ce plaisir. Admire-moi quand-même!”

— Te admiro – dijo el principito encogiéndose de hombros – pero para qué te puede eso interesar?

“Je t’admire,” dit le petit prince, en haussant un peu les épaules, “mais en quoi cela peut-il bien t’intéresser?”

Y el principito se fue.

Et le petit prince s’en fut.

Los adultos son decididamente muy extraños, se dijo simplemente a sí mismo durante su viaje.

“Les grandes personnes sont décidément bien bizarres,” se dit-il simplement en lui-même durant son voyage.

Capítulo XII

Chapitre XII

El siguiente planeta estaba habitado por un bebedor. Esa visita fue muy corta, pero hundió al principito en una gran melancolía:

La planète suivante était habitée par un buveur. Cette visite fut très courte, mais elle plongea le petit prince dans une grande mélancolie.

— Qué haces ahí? – le dijo al bebedor, que encontró instalado en silencio ante una colección de botellas vacías y una colección de botellas llenas.

“Que fais-tu là?” dit-il au buveur, qu’il trouva installé en silence devant une collection de bouteilles vides et une collection de bouteilles pleines.

— Bebo – respondió el bebedor, con aire lúgubre.

“Je bois,” répondit le buveur, d’un air lugubre.

— Por qué bebes? – le preguntó el principito.

“Pourquoi bois-tu?” lui demanda le petit prince.

— Para olvidar – respondió el bebedor.

“Pour oublier,” répondit le buveur.

— Para olvidar qué? – inquirió el principito, que ya lo compadecía.

“Pour oublier quoi?” s’enquit le petit prince qui déjà le plaignait.

— Para olvidar que tengo vergüenza – confesó el bebedor bajando la cabeza.

“Pour oublier que j’ai honte,” avoua le buveur en baissant la tête.

— Vergüenza de qué? – se informó el principito, que deseaba socorrerlo.

“Honte de quoi?” s’informa le petit prince qui désirait le secourir.

— Vergüenza de beber! – concluyó el bebedor que se encerró definitivamente en el silencio.

“Honte de boire!” acheva le buveur qui s’enferma définitivement dans le silence.

Y el principito se fue, perplejo. Los adultos son decididamente muy pero muy extraños, se decía a sí mismo durante el viaje.

Et le petit prince s’en fut, perplexe. “Les grandes personnes sont décidément très très bizarres,” se disait-il en lui-même durant le voyage.

Capítulo XIII

Chapitre XIII

El cuarto planeta era el del hombre de negocios. Estaba tan ocupado que ni siquiera levantó la cabeza cuando llegó el principito.

La quatrième planète était celle du businessman. Cet homme était si occupé qu’il ne leva même pas la tête à l’arrivée du petit prince.

— Buen día – le dijo éste. – Su cigarrillo está apagado.

“Bonjour,” lui dit celui-ci. “Votre cigarette est éteinte.”

— Tres y dos son cinco. Cinco y siete doce. Doce y tres quince. Buenos días. Quince y siete veintidós. Veintidós y seis veintiocho. No tengo tiempo de volver a encenderlo. Veintiséis y cinco treinta y uno. Uf! Eso da entonces quinientos un millones seiscientos veintidós mil setecientos treinta y uno.

“Trois et deux font cinq. Cinq et sept douze. Douze et trois quinze. Bonjour. Quinze et sept vingt-deux. Vingt-deux et six vingt-huit. Pas le temps de la rallumer. Vingt-six et cinq trente et un. Ouf! Ça fait donc cinq cent un millions six cent vingt-deux mille sept cent trente et un.”

— Quinientos millones de qué?

“Cinq cents millions de quoi?”

— Eh? Todavía estás ahí? Quinientos un millones de... ya no sé... Tengo tanto trabajo! Yo soy un hombre serio, no me entretengo con tonterías! Dos y cinco siete...

“Hein? Tu es toujours là? Cinq cent un million de... je ne sais plus... j’ai tellement de travail! Je suis sérieux, moi, je ne m’amuse pas à des balivernes! Deux et cinq sept...”

— Quinientos un millones de qué – repitió el principito, que nunca jamás había renunciado a una pregunta una vez que la había formulado.

“Cinq cent un millions de quoi?” répéta le petit prince qui jamais de sa vie n’avait renoncé à une question, une fois qu’il l’avait posée.

El hombre levantó la cabeza: — Desde hace cincuenta y cuatro años que habito este planeta, no fui perturbado más que tres veces.

Le businessman leva la tête: “Depuis cinquante-quatre ans que j’habite cette planète-ci, je n’ai été dérangé que trois fois.

La primera vez fue, hace veintidós años, por un abejorro que había caído de Dios sabe dónde. Producía un ruido espantoso, y cometí cuatro errores en una suma.

La première fois ç’a été, il y a vingt-deux ans, par un hanneton qui était tombé Dieu sait d’où. Il répandait un bruit épouvantable, et j’ai fait quatre erreurs dans une addition.

La segunda vez fue, hace once años, por una crisis de reumatismo. Me falta ejercicio. No tengo tiempo de pasear. Soy una persona seria.

La seconde fois ç’à été, il y a onze ans, par une crise de rhumatisme. Je manque d’exercice. Je n'ai pas le temps de flâner. Je suis sérieux, moi.

La tercera vez... es esta! Decía entonces quinientos un millones...

La troisième fois… la voici! Je disais donc cinq cent un millions...”

— Millones de qué?

“Millions de quoi?”

El hombre de negocios comprendió que no había ninguna esperanza de paz: — Millones de esas pequeñas cosas que se ven a veces en el cielo.

Le businessman comprit qu’il n’était point d’espoir de paix: “Millions de ces petites choses que l’on voit quelquefois dans le ciel.”

— Moscas?

“Des mouches?”

— Pero no, de esas pequeñas cosas que brillan.

“Mais non, des petites choses qui brillent.”

— Abejas?

“Des abeilles?”

— Pero no. De esas pequeñas cosas doradas que hacen soñar a los holgazanes. Pero yo soy una persona seria! No tengo tiempo para ensoñaciones.

“Mais non. Des petites choses dorées qui font rêvasser les fainéants. Mais je suis sérieux, moi! Je n’ai pas le temps de rêvasser.”

— Ah! estrellas?

“Ah! des étoiles?”

— Sí, eso. Estrellas.

“C’est bien ça. Des étoiles.”

— Y qué haces con quinientos millones de estrellas?

“Et que fais-tu de cinq cents millions d’étoiles?”

— Quinientos un millones seiscientos veintidós mil setecientos treinta y uno. Yo soy un hombre serio, soy preciso.

“Cinq cent un millions six cent vingt-deux mille sept cent trente et un. Je suis sérieux, moi, je suis précis.”

— Y qué haces con esas estrellas?

“Et que fais-tu de ces étoiles?”

— Qué hago con ellas?

“Ce que j’en fais?”

— Sí.

“Oui.”

— Nada. Las poseo.

“Rien. Je les possède.”

— Posees las estrellas?

“Tu possèdes les étoiles?”

— Sí.

“Oui.”

— Pero yo ya he visto un rey que...

“Mais j’ai déjà vu un roi qui...”

— Los reyes no poseen, “reinan” sobre. Es muy diferente.

“Les rois ne possèdent pas. Ils règnent sur. C’est très différent.”

— Y para qué te sirve poseer las estrellas?

“Et à quoi cela te sert-il de posséder les étoiles?”

— Me sirve para ser rico.

“Ça me sert à être riche.”

— Y para qué te sirve ser rico?

“Et à quoi cela te sert-il d’être riche?”

— Para comprar más estrellas, si alguien encuentra.

“À acheter d’autres étoiles, si quelqu’un en trouve.”

Éste, se dijo el principito, razona un poco como mi borracho.

“Celui-là,”  se dit en lui-même le petit prince, “il raisonne un peu comme mon ivrogne.”

Sin embargo, siguió preguntando: — Cómo se puede poseer las estrellas?

Cependant il posa encore des questions: “Comment peut-on posséder les étoiles?”

— De quién son? – replicó, gruñón, el hombre de negocios.

“À qui sont-elles?” riposta, grincheux, le businessman.

— Qué sé yo. De nadie.

“Je ne sais pas. À personne.”

— Entonces son mías, porque se me ocurrió primero.

“Alors elles sont à moi, car j’y ai pensé le premier.”

— Es suficiente?

“Ça suffit?”

— Desde luego. Cuando encuentras un diamante que no es de nadie, es tuyo. Cuando encuentras una isla que no es de nadie, es tuya. Cuando eres el primero en tener una idea, la haces patentar: es tuya. Y yo poseo las estrellas, puesto que nunca nadie antes que yo pensó en poseerlas.

“Bien sûr. Quand tu trouves un diamant qui n’est à personne, il est à toi. Quand tu trouves une île qui n’est à personne, elle est à toi. Quand tu as une idée le premier, tu la fais breveter: elle est à toi. Et moi je possède les étoiles, puisque jamais personne avant moi n’a songé à les posséder.”

— Eso es verdad – dijo el principito. – Y qué haces con ellas?

“Ça c’est vrai,” dit le petit prince. “Et qu’en fais-tu?”

— Las administro. Las cuento y las recuento – dijo el hombre. – Es difícil. Pero yo soy una persona seria!

“Je les gère. Je les compte et je les recompte,” dit le businessman. “C’est difficile. Mais je suis un homme sérieux!”

El principito no estaba aún satisfecho. — Yo, si poseo un pañuelo, puedo ponérmelo alrededor del cuello y llevarlo. Yo, si poseo una flor, puedo recogerla y llevarla. Pero tú no puedes recoger las estrellas!

Le petit prince n’était pas satisfait encore. “Moi, si je possède un foulard, je puis le mettre autour de mon cou et l’emporter. Moi, si je possède une fleur, je puis cueillir ma fleur et l’emporter. Mais tu ne peux pas cueillir les étoiles!”

— No, pero puedo invertirlas en el banco.

“Non, mais je puis les placer en banque.”

— Qué significa eso?

“Qu’est-ce que ça veut dire?”

— Significa que anoto en un papelito la cantidad que tengo de estrellas. Y luego guardo ese papel en un cajón con llave.

“Ça veut dire que j’écris sur un petit papier le nombre de mes étoiles. Et puis j’enferme à clef ce papier-là dans un tiroir.”

— Y eso es todo?

“Et c’est tout?”

— Con eso basta!

“Ça suffit!”

Es divertido, pensó el principito. Es bastante poético. Pero no es muy serio.

“C’est amusant,” pensa le petit prince. “C’est assez poétique. Mais ce n’est pas très sérieux.”

El principito tenía sobre las cosas serias ideas muy diferentes a las de los adultos.

Le petit prince avait sur les choses sérieuses des idées très différentes des idées des grandes personnes.

— Yo – agregó – poseo una flor que riego todos los días. Poseo tres volcanes que deshollino todas las semanas. Porque deshollino también el que está apagado. Nunca se sabe.

“Moi,” dit-il encore, “je possède une fleur que j’arrose tous les jours. Je possède trois volcans que je ramone toutes les semaines. Car je ramone aussi celui qui est éteint. On ne sait jamais.

Es útil para mis volcanes, y es útil para mi flor, que yo los posea. Pero tú no eres útil para las estrellas.

C’est utile à mes volcans, et c’est utile à ma fleur, que je les possède. Mais tu n’es pas utile aux étoiles...”

El hombre de negocios abrió la boca pero no encontró nada para responder, y el principito se fue.

Le businessman ouvrit la bouche mais ne trouva rien à répondre, et le petit prince s’en fut.

Los adultos son decididamente muy extraordinarios, se decía simplemente a sí mismo durante el viaje.

“Les grandes personnes sont décidément tout à fait extraordinaires,” se disait-il simplement en lui-même durant le voyage.

Capítulo XIV

Chapitre XIV

El quinto planeta era muy curioso. Era el más pequeño de todos. Había en él justo el lugar necesario para alojar un farol y un farolero.

La cinquième planète était très curieuse. C’était la plus petite de toutes. Il y avait là juste assez de place pour loger un réverbère et un allumeur de réverbères.

El principito no lograba explicarse para qué podían servir, en algún lugar del cielo, en un planeta sin casa ni población, un farol y un farolero.

Le petit prince ne parvenait pas à s’expliquer à quoi pouvaient servir, quelque part dans le ciel, sur une planète sans maison ni population, un réverbère et un allumeur de réverbères.

Sin embargo se dijo a sí mismo: “Posiblemente este hombre es absurdo. Sin embargo es menos absurdo que el rey, que el vanidoso, que el hombre de negocios y que el bebedor. Al menos, su trabajo tiene un sentido.

Cependant il se dit en lui-même: “Peut-être bien que cet homme est absurde. Cependant il est moins absurde que le roi, que le vaniteux, que le businessman et que le buveur. Au moins son travail a-t-il un sens.

Cuando enciende su farol, es como si hiciera nacer una estrella más, o una flor. Cuando apaga su farol, se duermen la flor o la estrella. Es una ocupación muy linda. Es verdaderamente útil porque es linda.”

Quand il allume son réverbère, c’est comme s’il faisait naître une étoile de plus, ou une fleur. Quand il éteint son réverbère ça endort la fleur ou l’étoile. C’est une occupation très jolie. C’est véritablement utile puisque c’est joli.”

Cuando abordó el planeta saludó respetuosamente al farolero: — Buenos días. Por qué apagaste recién tu farol?

Lorsqu’il aborda la planète il salua respectueusement l’allumeur: “Bonjour. Pourquoi viens-tu d’éteindre ton réverbère?”

— Es la consigna – respondió el farolero – Buenos días.

“C’est la consigne,” répondit l’allumeur. “Bonjour.”

— Qué es la consigna?

“Qu’est-ce que la consigne?”

— Apagar mi farol. Buenas noches. Y volvió a prenderlo.

“C’est d’éteindre mon réverbère. Bonsoir.” Et il le ralluma.

— Pero por qué volviste a prenderlo?

“Mais pourquoi viens-tu de le rallumer?”

— Es la consigna – respondió el farolero.

“C’est la consigne,” répondit l’allumeur.

— No comprendo – dijo el principito.

“Je ne comprends pas,” dit le petit prince.

— No hay nada que comprender – dijo el farolero. – La consigna es la consigna. Buenos días.

“Il n’y a rien à comprendre,” dit l’allumeur. “La consigne c’est la consigne. Bonjour.”

Y apagó su farol. A continuación se secó la frente con un pañuelo a cuadros rojos.

Et il éteignit son réverbère. Puis il s’épongea le front avec un mouchoir à carreaux rouges.

— Tengo un oficio terrible. Antes sí era razonable. Apagaba a la mañana y encendía a la noche. Tenía el resto del día para reposarme, y el resto de la noche para dormir...

“Je fais là un métier terrible. C’était raisonnable autrefois. J’éteignais le matin et j’allumais le soir. J’avais le reste du jour pour me reposer, et le reste de la nuit pour dormir...”

— Y desde esa época, la consigna cambió?

“Et, depuis cette époque, la consigne a changé?”

— La consigna no cambió – dijo el farolero. – Ésa es la desgracia! El planeta fue girando de año en año cada vez más rápido, y la consigna no cambió!

“La consigne n’a pas changé,” dit l’allumeur. “C’est bien là le drame! La planète d’année en année a tourné de plus en plus vite, et la consigne n’a pas changé!”

— Y entonces? – dijo el principito.

“Alors?” dit le petit prince.

— Entonces, ahora que da una vuelta por minuto no tengo ni un segundo de reposo. Prendo y apago una vez por minuto!

“Alors maintenant qu’elle fait un tour par minute, je n’ai plus un seconde de repos. J’allume et j’éteins une fois par minute!”

— Tiene gracia! Los días acá duran un minuto!

“Ça c’est drôle! les jours chez toi durent une minute!”

— No tiene ninguna gracia – dijo el farolero. – Hace ya un mes que estamos conversando.

“Ce n’est pas drôle du tout,” dit l’allumeur. “Ça fait déjà un mois que nous parlons ensemble.”

— Un mes?

“Un mois?”

— Sí. Treinta minutos. Treinta días! Buenas noches.

“Oui. Trente minutes. Trente jours! Bonsoir.”

— Y volvió a encender su farol.

Et il ralluma son réverbère.

El principito lo miró y se sintió cautivado por ese farolero que era tan fiel a la consigna. Recordó las puestas de sol que él mismo iba antes a buscar, corriendo su silla. Quiso ayudar a su amigo:

Le petit prince le regarda et il aima cet allumeur qui était tellement fidèle à la consigne. Il se souvint des couchers de soleil que lui-même allait autrefois chercher, en tirant sa chaise. Il voulut aider son ami:

— Sabes... conozco una manera de descansar cuando tú quieras...

“Tu sais... je connais un moyen de te reposer quand tu voudras...”

— Siempre quiero – dijo el farolero.

“Je veux toujours,” dit l’allumeur.

Porque se puede ser fiel y perezoso al mismo tiempo.

Car on peut être, à la fois, fidèle et paresseux.

El principito prosiguió: — Tu planeta es tan pequeño que puedes darle la vuelta en tres zancadas. No tienes más que caminar bien lentamente para permanecer siempre al sol. Cuando quieras descansar, caminarás... y el día durará tanto como lo desees.

Le petit prince poursuivit: “Ta planète est tellement petite que tu en fais le tour en trois enjambées. Tu n’as qu’à marcher assez lentement pour rester toujours au soleil. Quand tu voudras te reposer tu marcheras... et le jour durera aussi longtemps que tu voudras.”

— Eso no es un gran avance – dijo el farolero. – Lo que me gusta en la vida es dormir.

“Ça ne m’avance pas à grand chose,” dit l’allumeur. “Ce que j’aime dans la vie, c’est dormir.”

— Es una lástima – dijo el principito.

“Ce n’est pas de chance,” dit le petit prince.

— Es una lástima – dijo el farolero. Buenos días.

“Ce n’est pas de chance,” dit l’allumeur. “Bonjour.”

Y apagó su farol.

Et il éteignit son réverbère.

“Ése,”  – se dijo el principito mientras proseguía su viaje – “ése sería despreciado por todos los otros: por el rey, por el vanidoso, por el bebedor, por el hombre de negocios.

“Celui-là,” se dit le petit prince, tandis qu’il poursuivait plus loin son voyage, “celui-là serait méprisé par tous les autres, par le roi, par le vaniteux, par le buveur, par le businessman.

Sin embargo, es el único que no me parece ridículo. Es, quizá, porque se ocupa de algo más que de sí mismo.”

Cependant c’est le seul qui ne me paraisse pas ridicule. C’est, peut-être, parce qu’il s’occupe d’autre chose que de soi-même.”

Suspiró con tristeza y se dijo además: “Ése es el único que podría haber sido mi amigo. Pero su planeta es, a decir verdad, demasiado pequeño. No hay en él lugar para dos...”

Il eut un soupir de regret et se dit encore: “Celui-là est le seul dont j’eusse pu faire mon ami. Mais sa planète est vraiment trop petite. Il n’y a pas de place pour deux...”

Lo que el principito no se atrevía a confesarse, es que extrañaba ese planeta bendito debido, principalmente, a las mil cuatrocientos cuarenta puestas de sol por cada veinticuatro horas!

Ce que le petit prince n’osait pas s’avouer, c’est qu’il regrettait cette planète bénie à cause, surtout, des mille quatre cent quarante couchers de soleil par vingt-quatre heures!

Capítulo XV

Chapitre XV

El sexto planeta era un planeta diez veces más extenso. Estaba habitado por un Señor anciano que escribía libros enormes.

La sixième planète était une planète dix fois plus vaste. Elle était habitée par un vieux Monsieur qui écrivait d’énormes livres.

— Vaya! He aquí un explorador! – exclamó cuando divisó al principito.

“Tiens! Voilà un explorateur!” s’écria-t-il, quand il aperçut le petit prince.

El principito se sentó sobre la mesa y resopló un poco. Había viajado tanto!

Le petit prince s’assit sur la table et souffla un peu. Il avait déjà tant voyagé!

— De dónde vienes? – le dijo el Señor anciano.

“D’où viens-tu?” lui dit le vieux Monsieur.

— Qué es ese libro gordo? – dijo el principito. – Qué hace usted acá?

“Quel est ce gros livre?” dit le petit prince. “Que faites-vous ici?”

— Soy geógrafo – dijo el Señor anciano.

“Je suis géographe,” dit le vieux Monsieur.

— Qué es un geógrafo?

“Qu’est-ce qu’un géographe?”

— Es un sabio que sabe dónde se encuentran los mares, los ríos, las ciudades, las montañas y los desiertos.

“C’est un savant qui connaît où se trouvent les mers, les fleuves, les villes, les montagnes et les déserts.”

— Eso es muy interesante – dijo el principito. – Éste es, por fin, un verdadero oficio!. – Y echó un vistazo a su alrededor sobre el planeta del geógrafo. Nunca había visto un planeta tan majestuoso.

“Ça c’est bien intéressant,” dit le petit prince. “Ça c’est enfin un véritable métier!” Et il jeta un coup d’œil autour de lui sur la planète du géographe. Il n’avait jamais vu encore une planète aussi majestueuse.

— Su planeta es hermoso. Tiene océanos?

“Elle est bien belle, votre planète. Est-ce qu’il y a des océans?”

— No puedo saberlo – dijo el geógrafo.

“Je ne puis pas le savoir,” dit le géographe.

— Ah! – (El principito estaba decepcionado). – Y montañas?

“Ah!” (Le petit prince était déçu.) “Et des montagnes?”

— No puedo saberlo – dijo el geógrafo.

“Je ne puis pas le savoir,” dit le géographe.

— Y ciudades y ríos y desiertos?

“Et des villes et des fleuves et des déserts?”

— Tampoco puedo saberlo – dijo el geógrafo.

“Je ne puis pas le savoir non plus,” dit le géographe.

— Pero usted es geógrafo!

“Mais vous êtes géographe!”

— Exactamente – dijo el geógrafo – pero no soy explorador. Carezco totalmente de exploradores. No es el geógrafo quien va a contar las ciudades, los ríos, las montañas, los mares, los océanos y los desiertos.

“C’est exact,” dit le géographe, “mais je ne suis pas explorateur. Je manque absolument d’explorateurs. Ce n’est pas le géographe qui va faire le compte des villes, des fleuves, des montagnes, des mers, des océans et des déserts.

El geógrafo es demasiado importante para andar paseando. No abandona su escritorio. Pero en él recibe a los exploradores. Los interroga y toma nota de sus recuerdos.

Le géographe est trop important pour flâner. Il ne quitte pas son bureau. Mais il y reçoit les explorateurs. Il les interroge, et il prend en note leurs souvenirs.

Y si los recuerdos de alguno de ellos le parecen interesantes, el geógrafo hace hacer una encuesta sobre la integridad moral del explorador.

Et si les souvenirs de l’un d’entre eux lui paraissent intéressants, le géographe fait faire une enquête sur la moralité de l’explorateur.”

— Por qué?

“Pourquoi ça?”

— Porque un explorador que mintiera provocaría catástrofes en los libros de geografía. Y también un explorador que bebiera demasiado.

“Parce qu’un explorateur qui mentirait entraînerait des catastrophes dans les livres de géographie. Et aussi un explorateur qui boirait trop.”

— Por qué? – dijo el principito.

“Pourquoi ça?” fit le petit prince.

— Porque los borrachos ven doble. Entonces el geógrafo anotaría dos montañas, donde no hay más que una.

“Parce que les ivrognes voient double. Alors le géographe noterait deux montagnes, là où il n’y en a qu’une seule.”

— Conozco a alguien – dijo el principito – que sería un mal explorador.

“Je connais quelqu’un,” dit le petit prince, “qui serait mauvais explorateur.”

— Es posible. Entonces, cuando la moralidad del explorador parece buena, se hace una investigación sobre su descubrimiento.

“C’est possible. Donc, quand la moralité de l’explorateur paraît bonne, on fait une enquête sur sa découverte.”

— Se va a verlo?

“On va voir?”

— No. Es demasiado complicado. Pero se le exige al explorador que presente pruebas. Si se trata por ejemplo del descubrimiento de una gran montaña, se le exige que traiga de ella grandes piedras.

“Non. C’est trop compliqué. Mais on exige de l’explorateur qu'il fournisse des preuves. S'il s’agit par exemple de la découverte d’une grosse montagne, on exige qu’il en rapporte de grosses pierres.”

De repente, el geógrafo se emocionó. — Pero tú vienes de lejos! Tú eres explorador! Vas a describirme tu planeta!

Le géographe soudain s’émut. “Mais toi, tu viens de loin! Tu es explorateur! Tu vas me décrire ta planète!”

Y el geógrafo, habiendo abierto su registro, le sacó punta a su lápiz. Los relatos de los exploradores se anotan primero con lápiz. Para anotarlos con tinta se espera a que el explorador haya suministrado pruebas.

Et le géographe, ayant ouvert son registre, tailla son crayon. On note d’abord au crayon les récits des explorateurs. On attend, pour noter à l’encre, que l’explorateur ait fourni des preuves.

— Entonces? – interrogó el geógrafo.

“Alors?” interrogea le géographe.

— Oh! donde vivo – dijo el principito – no es muy interesante, es bien pequeño. Tengo tres volcanes. Dos volcanes en actividad y un volcán apagado. Pero nunca se sabe.

“Oh! chez moi,” dit le petit prince, “ce n’est pas très intéressant, c’est tout petit. J’ai trois volcans. Deux volcans en activité, et un volcan éteint. Mais on ne sait jamais.”

— Nunca se sabe – dijo el geógrafo.

“On ne sait jamais,” dit le géographe.

— También tengo una flor.

“J’ai aussi une fleur.”

— No registramos las flores – dijo el geógrafo.

“Nous ne notons pas les fleurs,” dit le géographe.

— Y eso por qué! es lo más lindo!

“Pourquoi ça! c’est le plus joli!”

— Porque las flores son efímeras.

“Parce que les fleurs sont éphémères.”

— Qué significa: “efímero”?

“Qu’est-ce que signifie: éphémère?”

— Las geografías – dijo el geógrafo – son los libros más valiosos de todos los libros. Nunca pasan de moda. Es muy raro que una montaña cambie de lugar. Es muy raro que un océano se quede sin agua. Nosotros escribimos cosas eternas.

“Les géographies,” dit le géographe, “sont les livres les plus sérieux de tous les livres. Elles ne se démodent jamais. Il est très rare qu’une montagne change de place. Il est très rare qu’un océan se vide de son eau. Nous écrivons des choses éternelles.”

— Pero los volcanes apagados pueden despertarse – interrumpió el principito. – Qué significa “efímero”?

“Mais les volcans éteints peuvent se réveiller,” interrompit le petit prince. “Qu’est-ce que signifie: éphémère?”

— Que los volcanes estén apagados o despiertos, a nosotros nos da lo mismo – dijo el geógrafo. – Para nosotros lo que cuenta es la montaña, que no cambia.

“Que les volcans soient éteints ou soient éveillés, ça revient au même pour nous autres,” dit le géographe. “Ce qui compte pour nous, c’est la montagne. Elle ne change pas.”

— Pero qué significa “efímero”? – repitió el principito, que nunca en su vida había renunciado a una pregunta una vez que la había formulado.

“Mais qu’est-ce que signifie... éphémère?” répéta le petit prince qui, de sa vie, n’avait renoncé à une question, une fois qu’il l’avait posée.

— Significa “que está amenazado por una próxima desaparición.”

“Ça signifie... qui est menacé de disparition prochaine”.

— Mi flor está amenazada por una próxima desaparición?

“Ma fleur est menacée de disparition prochaine?”

— Seguro.

“Bien sûr.”

Mi flor es efímera, se dijo el principito, y sólo tiene cuatro espinas para defenderse del mundo! Y la dejé allá, tan sola!

“Ma fleur est éphémère,” se dit le petit prince, “et elle n’a que quatre épines pour se défendre contre le monde! Et je l’ai laissée toute seule chez moi!”

Ése fue su primer gesto de arrepentimiento. Pero recobró ánimo: — Qué me aconseja ir a visitar? – preguntó.

Ce fut là son premier mouvement de regret. Mais il reprit courage: “Que me conseillez-vous d’aller visiter?” demanda-t-il.

— El planeta Tierra – le respondió el geógrafo. – Tiene una buena reputación...

“La planète Terre,” lui répondit le géographe. “Elle a une bonne réputation.”

Y el principito se fue, pensando en su flor.

Et le petit prince s’en fut, songeant à sa fleur.

Capítulo XVI

Chapitre XVI

El séptimo planeta fue, pues, la Tierra.

La septième planète fut donc la Terre.

La Tierra no es un planeta cualquiera! Se cuentan en ella ciento once reyes (sin olvidar, por supuesto, a los reyes negros), siete mil geógrafos, novecientos mil hombres de negocios, siete millones y medio de borrachos, trescientos once millones de vanidosos, es decir alrededor de dos mil millones de adultos.

La Terre n’est pas une planète quelconque! On y compte cent onze rois (en n’oubliant pas, bien sûr, les rois nègres), sept mille géographes, neuf cent mille businessmen, sept millions et demi d’ivrognes, trois cent onze millions de vaniteux, c’est-à-dire environ deux milliards de grandes personnes.

Para darles una idea de las dimensiones de la Tierra les diré que antes de la invención de la electricidad se debía mantener en ella, en el conjunto de los seis continentes, un verdadero ejército de cuatrocientos sesenta y dos mil quinientos once faroleros. Vistos desde una cierta distancia producían un efecto espléndido.

Pour vous donner une idée des dimensions de la Terre je vous dirai qu’avant l’invention de l’électricité on y devait entretenir, sur l’ensemble des six continents, une véritable armée de quatre cent soixante-deux mille cinq cent onze allumeurs de réverbères. Vu d’un peu loin ça faisait un effet splendide.

Los movimientos de este ejército estaban ajustados como los de un ballet de ópera. Primero era el turno de los faroleros de Nueva Zelanda y de Australia. Luego ellos, habiendo encendido sus faroles, se iban a dormir.

Les mouvements de cette armée étaient réglés comme ceux d’un ballet d’opéra. D’abord venait le tour des allumeurs de réverbères de Nouvelle-Zélande et d’Australie. Puis ceux-ci, ayant allumé leurs lampions, s’en allaient dormir.

Entonces entraban a su turno en la danza los faroleros de China y de Siberia. Luego ellos también desaparecían entre bambalinas.

Alors entraient à leur tour dans la danse les allumeurs de réverbères de Chine et de Sibérie. Puis eux aussi s’escamotaient dans les coulisses.

Entonces llegaba el turno de los faroleros de Rusia y de la India. Luego de los de África y Europa. Luego de los de América del Sur. Luego de los de América del Norte.

Alors venait le tour des allumeurs de réverbères de Russie et des Indes. Puis de ceux d’Afrique et d’Europe. Puis de ceux d’Amérique du Sud. Puis de ceux d’Amérique du Nord.

Y nunca se equivocaban en su orden para entrar en escena. Era grandioso.

Et jamais ils ne se trompaient dans leur ordre d’entrée en scène. C’était grandiose.

Solamente, el farolero del único farol del polo Norte, y su colega del único farol del polo Sur, llevaban vidas de ocio e indolencia: trabajaban dos veces por año.

Seuls, l’allumeur de l’unique réverbère du pôle Nord, et son confrère de l’unique réverbère du pôle Sud, menaient des vies d’oisiveté et de nonchalance: ils travaillaient deux fois par an.

Capítulo XVII

Chapitre XVII

Cuando uno pretende mostrarse ingenioso, a veces se miente un poco. No he sido muy honesto cuando les hablé de los faroleros. Corro el riesgo de dar una falsa idea de nuestro planeta a quienes no lo conocen.

Quand on veut faire de l’esprit, il arrive que l’on mente un peu. Je n’ai pas été très honnête en vous parlant des allumeurs de réverbères. Je risque de donner une fausse idée de notre planète à ceux qui ne la connaissent pas.

Los hombres ocupan muy poco espacio en la tierra. Si los dos mil millones de habitantes que pueblan la tierra se quedaran parados y un poco apretados, como para un mitin, entrarían fácilmente en una plaza pública de veinte millas de largo por veinte millas de ancho. Se podría amontonar a la humanidad en el menor islote del Pacífico.

Les hommes occupent très peu de place sur la terre. Si les deux milliards d’habitants qui peuplent la terre se tenaient debout et un peu serrés, comme pour un meeting, ils logeraient aisément sur une place publique de vingt milles de long sur vingt milles de large. On pourrait entasser l’humanité sur le moindre petit îlot du Pacifique.

Los adultos, por supuesto, no les creerán. Ellos se imaginan que ocupan mucho lugar. Se consideran importantes como los baobabs.

Les grandes personnes, bien sûr, ne vous croiront pas. Elles s’imaginent tenir beaucoup de place. Elles se voient importantes comme des baobabs.

Aconséjenles entonces hacer el cálculo. Eso les gustará, porque adoran las cifras. Pero no pierdan tiempo en esa penitencia. Es inútil. Ustedes tienen confianza en mí.

Vous leur conseillerez donc de faire le calcul. Elles adorent les chiffres: ça leur plaira. Mais ne perdez pas votre temps à ce pensum. C’est inutile. Vous avez confiance en moi.

Al principito, una vez en la tierra, le resultó pues muy sorprendente no ver a nadie. Temía ya haberse equivocado de planeta, cuando un anillo color de luna se movió en la arena.

Le petit prince, une fois sur terre, fut donc bien surpris de ne voir personne. Il avait déjà peur de s’être trompé de planète, quand un anneau couleur de lune remua dans le sable.

— Buenas noches – dijo al azar el principito.

Bonne nuit,” fit le petit prince à tout hasard.

— Buenas noches –dijo la serpiente.

“Bonne nuit,” fit le serpent.

— Sobre qué planeta caí? – preguntó el principito.

“Sur quelle planète suis-je tombé?” demanda le petit prince.

— Sobre la Tierra, en África – respondió la serpiente.

“Sur la Terre, en Afrique,” répondit le serpent.

— Ah!... No hay pues nadie en la Tierra?

“Ah!... Il n’y a donc personne sur la Terre?”

— Éste es el desierto. No hay nadie en los desiertos. La Tierra es grande – dijo la serpiente.

“Ici c’est le désert. Il n’y a personne dans les déserts. La Terre est grande,” dit le serpent.

El principito se sentó en una piedra y levantó los ojos hacia el cielo:

Le petit prince s’assit sur une pierre et leva les yeux vers le ciel:

— Me pregunto – dijo – si las estrellas están iluminadas para que cada uno pueda algún día encontrar la suya. Mira mi planeta. Está justo encima nuestro. .. pero qué lejos!

“Je me demande,” dit-il, “si les étoiles sont éclairées afin que chacun puisse un jour retrouver la sienne. Regarde ma planète. Elle est juste au-dessus de nous... Mais comme elle est loin!”

— Es hermoso – dijo la serpiente. – Qué vienes a hacer acá?

“Elle est belle,” dit le serpent. “Que viens-tu faire ici?”

— Tengo dificultades con una flor – explicó el principito.

“J’ai des difficultés avec une fleur,” dit le petit prince.

— Ah! – dijo la serpiente. Y ambos se callaron.

“Ah!”  fit le serpent. Et ils se turent.

— Dónde están los hombres? – prosiguió finalmente el principito. – Se está un poco solo en el desierto...

“Où sont les hommes?” reprit enfin le petit prince. “On est un peu seul dans le désert...”

— Se está solo también con los hombres – dijo la serpiente.

“On est seul aussi chez les hommes,” dit le serpent.

El principito la miró largo tiempo:

Le petit prince le regarda longtemps:

— Eres un animal muy extraño – le dijo finalmente –, delgado como un dedo...

“Tu es une drôle de bête,” lui dit-il enfin, “mince comme un doigt...”

— Pero soy más poderosa que el dedo de un rey – dijo la serpiente.

“Mais je suis plus puissant que le doigt d’un roi,” dit le serpent.

El principito sonrió: — No eres muy poderosa... ni siquiera tienes patas... ni siquiera puedes viajar...

Le petit prince eut un sourire: “Tu n’es pas bien puissant... tu n’as même pas de pattes... tu ne peux même pas voyager...”

— Puedo llevarte más lejos que un navío – dijo la serpiente.

“Je puis t’emporter plus loin qu’un navire,” dit le serpent.

Se enroscó alrededor del tobillo del principito, como un brazalete de oro:

Il s’enroula autour de la cheville du petit prince, comme un bracelet d’or:

— A quien toco lo devuelvo a la tierra de donde salió – agregó. – Pero tú eres puro y vienes de una estrella...

“Celui que je touche, je le rends à la terre dont il est sorti,” dit-il encore. “Mais tu es pur et tu viens d’une étoile...”

El principito no respondió nada.

Le petit prince ne répondit rien.

— Me inspiras compasión, tan débil, en esta Tierra de granito. Puedo ayudarte algún día si echas demasiado de menos tu planeta. Puedo...

“Tu me fais pitié, toi si faible, sur cette Terre de granit. Je puis t’aider un jour si tu regrettes trop ta planète. Je puis...”

— Oh! comprendí perfectamente –dijo el principito – pero por qué hablas siempre con enigmas?

“Oh! J’ai très bien compris,” fit le petit prince, “mais pourquoi parles-tu toujours par énigmes?”

— Los resuelvo todos – dijo la serpiente. Y ambos se callaron.

“Je les résous toutes,” dit le serpent. Et ils se turent.

Capítulo XVIII

Chapitre XVIII

El principito atravesó el desierto y no encontró más que una flor. Una flor de tres pétalos, una flor bien vulgar...

Le petit prince traversa le désert et ne rencontra qu’une fleur. Une fleur à trois pétales, une fleur de rien du tout...

— Buen día – dijo el principito.

“Bonjour,” dit le petit prince.

— Buen día – respondió la flor.

“Bonjour,” dit la fleur.

— Dónde están los hombres? – preguntó cortésmente el principito.

“Où sont les hommes?” demanda poliment le petit prince.

La flor, un día, había visto pasar una caravana:

La fleur, un jour, avait vu passer une caravane:

— Los hombres? Existen, creo, seis o siete. Los vi de lejos hace unos años. Pero nunca se sabe dónde encontrarlos. Los lleva el viento. Carecen de raíces, y eso les crea muchas dificultades.

“Les hommes? Il en existe, je crois, six ou sept. Je les ai aperçus il y a des années. Mais on ne sait jamais où les trouver. Le vent les promène. Ils manquent de racines, ça les gêne beaucoup.”

— Adiós – dijo el principito.

“Adieu,” fit le petit prince.

— Adiós – respondió la flor.

“Adieu,” dit la fleur.

Capítulo XIX

Chapitre XIX

El principito ascendió a una alta montaña. Las únicas montañas que había conocido eran los tres volcanes que le llegaban a la rodilla. Y usaba el volcán apagado como taburete.

Le petit prince fit l’ascension d’une haute montagne. Les seules montagnes qu’il eût jamais connues étaient les trois volcans qui lui arrivaient au genou. Et il se servait du volcan éteint comme d’un tabouret.

“Desde una montaña tan alta como ésta – pensó – divisaré de una vez todo el planeta y todos los hombres...” Pero no vio más que picos rocosos bien afilados.

“D’une montagne haute comme celle-ci,” se dit-il donc, “j’apercevrai d’un coup toute la planète et tous les hommes...” Mais il n’aperçut rien que des aiguilles de roc bien aiguisées.

— Buen día – dijo por si acaso.

“Bonjour,” dit-il à tout hasard.

— Buen día... Buen día... Buen día... – respondió el eco.

“Bonjour... Bonjour... Bonjour...” répondit l’écho.

— Quiénes son ustedes? – dijo el principito.

“Qui êtes-vous?” dit le petit prince.

— Quiénes son ustedes... quiénes son ustedes... quiénes son ustedes... – respondió el eco.

“Qui êtes-vous... qui êtes-vous... qui êtes-vous...” répondit l’écho.

— Sean mis amigos, estoy solo – dijo.

“Soyez mes amis, je suis seul,” dit-il.

- Estoy solo... estoy solo... estoy solo... – respondió el eco.

“Je suis seul... je suis seul... je suis seul...” répondit l’écho.

“Qué planeta tan extraño! – pensó entonces. – Es todo seco, y todo puntiagudo y todo salado.

“Quelle drôle de planète!” pensa-t-il alors. “Elle est toute sèche, et toute pointue et toute salée.

Y a los hombres les falta imaginación. Repiten lo que se les dice... En casa tenía una flor: ella siempre hablaba primero...”

Et les hommes manquent d’imagination. Ils répètent ce qu’on leur dit... Chez moi j’avais une fleur: elle parlait toujours la première...”

Capítulo XX

Chapitre XX

Pero sucedió que el principito, habiendo caminado mucho tiempo a través de arena, rocas y nieve, descubrió por fin una ruta. Y todas las rutas van hacia los hombres.

Mais il arriva que le petit prince, ayant longtemps marché à travers les sables, les rocs et les neiges, découvrit enfin une route. Et les routes vont toutes chez les hommes.

— Buenos días – dijo. Era un jardín florido de rosas.

“Bonjour,” dit-il. C’était un jardin fleuri de roses.

— Buenos días – dijeron las rosas.

“Bonjour,” dirent les roses.

El principito las miró. Todas se parecían a su flor.

Le petit prince les regarda. Elles ressemblaient toutes à sa fleur.

— Quiénes son ustedes? – les preguntó, estupefacto.

“Qui êtes-vous?” leur demanda-t-il, stupéfait.

— Somos rosas – dijeron las rosas.

“Nous sommes des roses,” dirent les roses.

— Ah! – respondió el principito. Y se sintió muy desgraciado. Su flor le había contado que era la única de su especie en el universo. Y he aquí que había cinco mil, todas parecidas, en un solo jardín!

“Ah!” fit le petit prince. Et il se sentit très malheureux. Sa fleur lui avait raconté qu’elle était seule de son espèce dans l’univers. Et voici qu’il en était cinq mille, toutes semblables, dans un seul jardin!

“Ella estaría muy molesta – se dijo – si viera esto... tosería muchísimo y fingiría morirse para escapar al ridículo. Y yo estaría obligado a fingir que la auxilio, porque si no, para humillarme a mí también, se dejaría morir de veras...”

“Elle serait bien vexée,” se dit-il, “si elle voyait ça... elle tousserait énormément et ferait semblant de mourir pour échapper au ridicule. Et je serais bien obligé de faire semblant de la soigner, car, sinon, pour m’humilier moi aussi, elle se laisserait vraiment mourir...”

Luego continuó diciéndose: “Me creía poseedor de una flor única, y sólo tengo una rosa ordinaria.

Puis il se dit encore: “Je me croyais riche d’une fleur unique, et je ne possède qu’une rose ordinaire.

Eso y mis tres volcanes que me llegan a la rodilla, uno de los cuales posiblemente esté apagado para siempre, no hacen de mí ciertamente un gran príncipe...” Y, tendido en la hierba, lloró.

Ça et mes trois volcans qui m’arrivent au genou, et dont l’un, peut-être, est éteint pour toujours, ça ne fait pas de moi un bien grand prince...” Et, couché dans l’herbe, il pleura.

Capítulo XXI

Chapitre XXI

Fue entonces que apareció el zorro: — Buen día – dijo el zorro.

C’est alors qu’apparut le renard: “Bonjour,” dit le renard.

— Buen día – respondió cortésmente el principito, que se dio vuelta pero no vio a nadie.

“Bonjour,” répondit poliment le petit prince, qui se tourna mais ne vit rien.

— Estoy aquí – dijo la voz –, bajo el manzano...

“Je suis là,” dit la voix, “sous le pommier.”

— Quién eres? – dijo el principito. – Eres muy bonito...

“Qui es-tu?” dit le petit prince. “Tu es bien joli.”

— Soy un zorro – dijo el zorro.

“Je suis un renard,” dit le renard.

— Ven a jugar conmigo – le propuso el principito. – Estoy tan triste...

“Viens jouer avec moi,” lui proposa le petit prince. “Je suis tellement triste.”

— No puedo jugar contigo – dijo el zorro. – No estoy domesticado.

“Je ne puis pas jouer avec toi,” dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé.”

— Ah! perdón – dijo el principito. Pero, después de reflexionar, agregó: — Qué significa ‘domesticar’?

“Ah! Pardon,” fit le petit prince. Mais après réflexion, il ajouta: “Qu’est-ce que signifie... apprivoiser?”

— No eres de aquí – dijo el zorro –, qué buscas?

“Tu n’es pas d’ici,” dit le renard, “que cherches-tu?”

— Busco a los hombres – dijo el principito. – Qué significa ‘domesticar’?

“Je cherche les hommes,” dit le petit prince. “Qu’est-ce que signifie... apprivoiser?”

— Los hombres – dijo el zorro – tienen fusiles y cazan. Es bien molesto! También crían gallinas. Es su único interés. Buscas gallinas?

“Les hommes,” dit le renard, “ils ont des fusils et ils chassent. C’est bien gênant! Ils élèvent aussi des poules. C’est leur seul intérêt. Tu cherches des poules?”

— No – dijo el principito. – Busco amigos. Qué significa ‘domesticar’?

“Non,” dit le petit prince. “Je cherche des amis. Qu’est-ce que signifie... apprivoiser?”

— Es algo demasiado olvidado – dijo el zorro. – Significa ‘crear lazos...’

“C’est une chose trop oubliée,” dit le renard. “Ça signifie... créer des liens.”

— Crear lazos?

“Créer des liens?”

— Claro – dijo el zorro. – Todavía no eres para mí más que un niño parecido a otros cien mil niños. Y no te necesito. Y tú tampoco me necesitas. No soy para ti más que un zorro parecido a otros cien mil zorros. Pero, si me domesticas, tendremos necesidad uno del otro. Tú serás para mí único en el mundo. Yo seré para ti único en el mundo...

“Bien sûr,” dit le renard. “Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...”

— Comienzo a entender – dijo el principito. – Hay una flor... creo que me ha domesticado...

“Je commence à comprendre,” dit le petit prince. “Il y a une fleur... je crois qu’elle m’a apprivoisé...”

— Es posible – dijo el zorro. – En la Tierra se ven todo tipo de cosas...

“C’est possible,” dit le renard. “On voit sur la Terre toutes sortes de choses...”

— Oh! no es en la Tierra – dijo el principito.

“Oh! Ce n’est pas sur la Terre,” dit le petit prince.

El zorro pareció muy intrigado: — En otro planeta?

Le renard parut très intrigué: “Sur une autre planète?”

— Sí.

“Oui.”

— Hay cazadores en aquel planeta?

“Il y a des chasseurs sur cette planète-là?”

— No.

“Non.”

— Eso es interesante! Y gallinas?

“Ça, c’est intéressant! Et des poules?”

— No.

“Non.”

— Nada es perfecto – suspiró el zorro. Pero el zorro volvió a su idea: — Mi vida es monótona. Yo cazo gallinas, los hombres me cazan. Todas las gallinas se parecen, y todos los hombres se parecen. Me aburro, pues, un poco. Pero, si me domesticas, mi vida resultará como iluminada.

“Rien n’est parfait,” soupira le renard. Mais le renard revint à son idée: “Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m’ennuie donc un peu. Mais si tu m’apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée.

Conoceré un ruido de pasos que será diferente de todos los demás. Los otros pasos me hacen volver bajo tierra. Los tuyos me llamarán fuera de la madriguera, como una música.

Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m’appellera hors du terrier, comme une musique.

Y además, mira! Ves, allá lejos, los campos de trigo? Yo no como pan. El trigo para mí es inútil. Los campos de trigo no me recuerdan nada. Y eso es triste!

Et puis regarde! Tu vois, là-bas, les champs de blé? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c’est triste!

Pero tú tienes cabellos color de oro. Entonces será maravilloso cuando me hayas domesticado! El trigo, que es dorado, me hará recordarte. Y me agradará el ruido del viento en el trigo...

Mais tu as des cheveux couleur d’or. Alors ce sera merveilleux quand tu m’auras apprivoisé! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j’aimerai le bruit du vent dans le blé...”

El zorro se calló y miró largamente al principito: — Por favor... domestícame! – dijo.

Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince: “S’il te plait... apprivoise-moi!” dit-il.

— Me parece bien – respondió el principito -, pero no tengo mucho tiempo. Tengo que encontrar amigos y conocer muchas cosas.

“Je veux bien,” répondit le petit prince, “mais je n’ai pas beaucoup de temps. J’ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.”

— Sólo se conoce lo que uno domestica – dijo el zorro. – Los hombres ya no tienen más tiempo de conocer nada. Compran cosas ya hechas a los comerciantes. Pero como no existen comerciantes de amigos, los hombres no tienen más amigos. Si quieres un amigo, domestícame!

“On ne connaît que les choses que l’on apprivoise,” dit le renard. “Les hommes n’ont plus le temps de rien connaître. Il achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n’existe point de marchands d’amis, les hommes n’ont plus d’amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi!”

— Qué hay que hacer? – dijo el principito.

“Que faut-il faire?” dit le petit prince.

— Hay que ser muy paciente – respondió el zorro. – Te sentarás al principio más bien lejos de mí, así, en la hierba. Yo te miraré de reojo y no dirás nada. El lenguaje es fuente de malentendidos. Pero cada día podrás sentarte un poco más cerca...

“Il faut être très patient,” répondit le renard. “Tu t’assoiras d’abord un peu loin de moi, comme ça, dans l’herbe. Je te regarderai du coin de l’œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t’asseoir un peu plus près...”

Al día siguiente el principito regresó.

Le lendemain revint le petit prince.

— Hubiese sido mejor regresar a la misma hora – dijo el zorro. – Si vienes, por ejemplo, a las cuatro de la tarde, ya desde las tres comenzaré a estar feliz. Cuanto más avance la hora, más feliz me sentiré.

“Il eût mieux valu revenir à la même heure,” dit le renard. “Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l’après-midi, dès trois heures je commencerai d’être heureux. Plus l’heure avancera, plus je me sentirai heureux.

Al llegar las cuatro, me agitaré y me inquietaré; descubriré el precio de la felicidad! Pero si vienes en cualquier momento, nunca sabré a qué hora preparar mi corazón... Es bueno que haya ritos.

À quatre heures, déjà, je m’agiterai et m’inquiéterai; je découvrira le prix du bonheur! Mais si tu viens n’importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m’habiller le cœur... il faut des rites.”

— Qué es un rito? – dijo el principito.

“Qu’est-ce qu’un rite?” dit le petit prince.

— Es algo también demasiado olvidado – dijo el zorro. – Es lo que hace que un día sea diferente de los otros días, una hora de las otras horas.

“C’est aussi quelque chose de trop oublié,” dit le renard. “C’est ce qui fait qu’un jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures.

Mis cazadores, por ejemplo, tienen un rito. El jueves bailan con las jóvenes del pueblo. Entonces el jueves es un día maravilloso! Me voy a pasear hasta la viña. Si los cazadores bailaran en cualquier momento, todos los días se parecerían y yo no tendría vacaciones.

Il y a un rite, par exemple, chez mes chasseurs. Ils dansent le jeudi avec les filles du village. Alors le jeudi est jour merveilleux! Je vais me promener jusqu’à la vigne. Si les chasseurs dansaient n’importe quand, les jours se ressembleraient tous, et je n’aurais point de vacances.”

Así el principito domesticó al zorro. Y cuando se aproximó la hora de la partida: — Ah! – dijo el zorro... – Voy a llorar.

Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l’heure du départ fut proche: “Ah!” dit le renard... “je pleurerai.”

— Es tu culpa – dijo el principito -, yo no te deseaba ningún mal pero tú quisiste que te domesticara.

“C’est ta faute,” dit le petit prince, “je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t’apprivoise...”

— Claro – dijo el zorro.

“Bien sûr,” dit le renard.

— Pero vas a llorar! – dijo el principito.

“Mais tu vas pleurer!” dit le petit prince.

— Claro – dijo el zorro.

“Bien sûr,” dit le renard.

— Entonces no ganas nada!

“Alors tu n’y gagnes rien!”

— Sí gano –dijo el zorro – a causa del color del trigo. Luego agregó: — Ve y visita nuevamente a las rosas. Comprenderás que la tuya es única en el mundo. Y cuando regreses a decirme adiós, te regalaré un secreto.

“J’y gagne,” dit le renard, “à cause de la couleur du blé.” Puis il ajouta: “Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde. Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d’un secret.”

El principito fue a ver nuevamente a las rosas: — Ustedes no son de ningún modo parecidas a mi rosa, ustedes no son nada aún – les dijo.

Le petit prince s’en fut revoir les roses. “Vous n’êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n’êtes rien encore,” leur dit-il.

— Nadie las ha domesticado y ustedes no han domesticado a nadie. Ustedes son como era mi zorro. No era más que un zorro parecido a cien mil otros. Pero me hice amigo de él, y ahora es único en el mundo.

“Personne ne vous a apprivoisées et vous n’avez apprivoisé personne. Vous êtes comme était mon renard. Ce n’était qu’un renard semblable à cent mille autres. Mais j’en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde.”

Y las rosas estaban muy incómodas.

Et les roses étaient bien gênées.

— Ustedes son bellas, pero están vacías – agregó. – No se puede morir por ustedes. Seguramente, cualquiera que pase creería que mi rosa se les parece. Pero ella sola es más importante que todas ustedes, puesto que es ella a quien he regado.

“Vous êtes belles mais vous êtes vides,” leur dit-il encore. “On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu’elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes: puisque c’est elle que j’ai arrosée;

Puesto que es ella a quien abrigué bajo el globo. Puesto que es ella a quien protegí con la pantalla. Puesto que es ella la rosa cuyas orugas maté (salvo las dos o tres para las mariposas). Puesto que es ella a quien escuché quejarse, o alabarse, o incluso a veces callarse. Puesto que es mi rosa.

puisque c’est elle que j’ai mise sous globe; puisque c’est elle que j’ai abritée par le paravent; puisque c’est elle dont j’ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons); puisque c’est elle que j’ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c’est ma rose.”

Y volvió con el zorro: — Adiós – dijo...

Et il revint vers le renard: “Adieu,” dit-il...

— Adiós – dijo el zorro. – Aquí está mi secreto. Es muy simple: sólo se ve bien con el corazón. Lo esencial es invisible a los ojos.

“Adieu,” dit le renard. “Voici mon secret. Il est très simple: on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.”

— Lo esencial es invisible a los ojos – repitió el principito a fin de recordarlo.

“L’essentiel est invisible pour les yeux,” répéta le petit prince, afin de se souvenir.

— Es el tiempo que has perdido en tu rosa lo que hace a tu rosa tan importante.

“C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.”

— Es el tiempo que he perdido en mi rosa... – dijo el principito a fin de recordarlo.

“C’est le temps que j’ai perdu pour ma rose...” fit le petit prince, afin de se souvenir.

— Los hombres han olvidado esta verdad – dijo el zorro. – Pero tú no debes olvidarla. Eres responsable para siempre de lo que has domesticado. Eres responsable de tu rosa...

“Les hommes ont oublié cette vérité,” dit le renard. “Mais tu ne dois pas l’oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose...”

— Soy responsable de mi rosa... – repitió el principito a fin de recordarlo.

“Je suis responsable de ma rose...” répéta le petit prince, afin de se souvenir.

Capítulo XXII

Chapitre XXII

— Buenos días – dijo el principito.

“Bonjour,” dit le petit prince.

— Buenos días – dijo el guardagujas.

“Bonjour,” dit l’aiguilleur.

— Qué haces aquí? – preguntó el principito.

“Que fais-tu ici?” dit le petit prince.

— Distribuyo los pasajeros, por paquetes de mil – dijo el guardagujas. – Despacho los trenes que los transportan, unas veces hacia la derecha, otras veces hacia la izquierda.

“Je trie les voyageurs, par paquets de mille,” dit l’aiguilleur. “J’expédie les trains qui les emportent, tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche.”

Y un rápido iluminado, rugiendo como el trueno, hizo temblar la cabina de cambio de agujas.

Et un rapide illuminé, grondant comme le tonnerre, fit trembler la cabine d’aiguillage.

— Están bien apurados – dijo el principito. – Qué buscan?

“Ils sont bien pressés,” dit le petit prince. “Que cherchent-ils?”

— El mismo hombre de la locomotora lo ignora – dijo el guardagujas.

“L’homme de la locomotive l’ignore lui-même,” dit l’aiguilleur.

Y rugió, en sentido inverso, un segundo rápido iluminado.

Et gronda, en sens inverse, un second rapide illuminé.

— Ya vuelven? – preguntó el principito...

“Ils reviennent déjà?” demanda le petit prince...

— No son los mismos – dijo el guardagujas. – Es otro convoy.

“Ce ne sont pas les mêmes,” dit l’aiguilleur. “C’est un échange.”

— No se sentían bien, ahí donde estaban?

“Ils n’étaient pas contents, là où ils étaient?”

— Uno nunca se siente bien en el lugar donde está – dijo el guardagujas.

“On n’est jamais content là où l’on est,” dit l’aiguilleur.

Y rugió el trueno de un tercer rápido iluminado.

Et gronda le tonnerre d’un troisième rapide illuminé.

— Persiguen a los primeros viajeros? – preguntó el principito.

“Ils poursuivent les premiers voyageurs?” demanda le petit prince.

— No persiguen nada de nada – dijo el guardagujas. – Duermen allí adentro, o bien bostezan. Sólo los niños aplastan sus narices contra los cristales.

“Ils ne poursuivent rien du tout,” dit l’aiguilleur. “Ils dorment là-dedans, ou bien ils bâillent. Les enfants seuls écrasent leur nez contre les vitres.”

— Sólo los niños saben lo que buscan – dijo el principito. – Pierden tiempo en una muñeca de trapo, y ella se vuelve muy importante, y si alguien se las saca lloran...

“Les enfants seuls savent ce qu’ils cherchent,” fit le petit prince. “Ils perdent du temps pour une poupée de chiffons, et elle devient très importante, et si on la leur enlève, ils pleurent...”

— Tienen suerte – dijo el guardagujas.

“Ils ont de la chance,” dit l’aiguilleur.

Capítulo XXIII

Chapitre XXIII

— Buenos días – dijo el principito.

“Bonjour,” dit le petit prince.

— Buenos días – dijo el vendedor.

“Bonjour,” dit le marchand.

Era un vendedor de píldoras perfeccionadas que calman la sed. Se toma una por semana y no se siente más la necesidad de beber.

C’était un marchand de pilules perfectionnées qui apaisent la soif. On en avale une par semaine et l’on n’éprouve plus le besoin de boire.

— Por qué vendes eso? – dijo el principito.

“Pourquoi vends-tu ça?” dit le petit prince.

— Es una gran economía de tiempo – dijo el vendedor. – Los expertos han hecho cálculos. Se ahorran cincuenta y tres minutos por semana.

“C’est une grosse économie de temps,” dit le marchand. “Les experts ont fait des calculs. On épargne cinquante-trois minutes par semaine.”

— Y qué se hace con esos cincuenta y tres minutos?

“Et que fait-on des cinquante-trois minutes?”

— Se hace lo que se quiere...

“On en fait ce que l’on veut...”

“Yo – se dijo el principito – si tuviera cincuenta y tres minutos para gastar, caminaría lentamente hacia una fuente...”

“Moi,” se dit le petit prince, “si j’avais cinquante-trois minutes à dépenser, je marcherais tout doucement vers une fontaine...”

Capítulo XXIV

Chapitre XXIV

Estábamos en el octavo día de mi avería en el desierto, y había escuchado la historia del vendedor mientras bebía la última gota de mi provisión de agua:

Nous en étions au huitième jour de ma panne dans le désert, et j’avais écouté l’histoire du marchand en buvant la dernière goutte de ma provision d’eau:

— Ah! – le dije al principito -, tus recuerdos son muy lindos, pero todavía no he reparado mi avión, no tengo más nada para beber, y yo también estaría muy contento si pudiera caminar lentamente hacia una fuente!

“Ah!” dis-je au petit prince, “ils sont bien jolis, tes souvenirs, mais je n’ai pas encore réparé mon avion, je n’ai plus rien à boire, et je serais heureux, moi aussi, si je pouvais marcher tout doucement vers une fontaine!”

— Mi amigo el zorro... – me dijo.

“Mon ami le renard,” me dit-il...

— Hombrecito mío, ya no es más cuestión de zorros!

“Mon petit bonhomme, il ne s’agit plus du renard!”

— Por qué?

“Pourquoi?”

— Porque nos vamos a morir de sed...

“Parce qu’on va mourir de soif...”

Sin comprender mi razonamiento, me respondió: — Es bueno haber tenido un amigo, incluso si uno va a morir. Yo me siento muy contento de haber tenido un amigo zorro...

Il ne comprit pas mon raisonnement, il me répondit: “C’est bien d’avoir eu un ami, même si l’on va mourir. Moi, je suis bien content d’avoir eu un ami renard...”

No mide el peligro – me dije. – Nunca tiene hambre ni sed. Un poco de sol le alcanza...

“Il ne mesure pas le danger,” me dis-je.  “Il n’a jamais ni faim ni soif. Un peu de soleil lui suffit...”

Pero él me miró y respondió a mi pensamiento: — Yo también tengo sed... busquemos un pozo...

Mais il me regarda et répondit à ma pensée: “J’ai soif aussi... cherchons un puits...”

Tuve un gesto de desaliento: es absurdo buscar un pozo, al azar, en la inmensidad del desierto. Sin embargo, nos pusimos en marcha.

J’eus un geste de lassitude: il est absurde de chercher un puits, au hasard, dans l’immensité du désert. Cependant nous nous mîmes en marche.

Después de haber caminado durante horas en silencio, cayó la noche y las estrellas comenzaron a iluminarse.

Quand nous eûmes marché, des heures, en silence, la nuit tomba, et les étoiles commencèrent de s’éclairer.

Yo las entreveía como en sueños, al tener un poco de fiebre a causa de mi sed. Las palabras del principito bailaban en mi memoria: — Entonces tú también tienes sed? – le pregunté.

Je les apercevais comme en rêve, ayant un peu de fièvre, à cause de ma soif. Les mots du petit prince dansaient dans ma mémoire: “Tu as donc soif, toi aussi?” lui demandai-je.

Pero no respondió a mi pregunta. Simplemente me dijo: — El agua puede ser buena también para el corazón...

Mais il ne répondit pas à ma question. Il me dit simplement: “L’eau peut aussi être bonne pour le cœur...”

No comprendí su respuesta pero me callé... Ya sabía que no había que interrogarlo.

Je ne compris pas sa réponse mais je me tus... Je savais bien qu’il ne fallait pas l’interroger.

Estaba cansado y se sentó. Yo me senté a su lado. Y, después de un silencio, agregó: — Las estrellas son bellas, a causa de una flor que no se ve...

Il était fatigué. Il s’assit. Je m’assis auprès de lui. Et, après un silence, il dit encore: “Les étoiles sont belles, à cause d’une fleur que l’on ne voit pas...”

Respondí “desde luego” y miré, sin hablar, las ondulaciones de la arena bajo la luna.

Je répondis “bien sûr” et je regardai, sans parler, les plis du sable sous la lune.

— El desierto es bello... – agregó.

“Le désert est beau,” ajouta-t-il...

Y era verdad. A mí siempre me gustó el desierto. Uno se sienta sobre una duna de arena. No se ve nada. No se escucha nada. Y sin embargo hay algo que irradia en silencio...

Et c’était vrai. J’ai toujours aimé le désert. On s’assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n’entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence...

— Lo que hace al desierto tan bello – dijo el principito – es que esconde un pozo en algún lado...

“Ce qui embellit le désert,” dit le petit prince, “c’est qu’il cache un puits quelque part...”

Me sorprendió comprender de golpe esa misteriosa irradiación de la arena.

Je fus surpris de comprendre soudain ce mystérieux rayonnement du sable.

Cuando era niño vivía en una casa antigua, que según la leyenda tenía un tesoro oculto. Desde luego, nunca nadie pudo descubrirlo ni posiblemente lo haya siquiera buscado, pero hechizaba toda aquella casa. Mi casa escondía un secreto en el fondo de su corazón...

Lorsque j’étais petit garçon j’habitais une maison ancienne, et la légende racontait qu’un trésor y était enfoui. Bien sûr, jamais personne n’a su le découvrir, ni peut-être même ne l’a cherché. Mais il enchantait toute cette maison. Ma maison cachait un secret au fond de son cœur...

— Sí – le dije al principito –, se trate de la casa, de las estrellas o del desierto, lo que produce su belleza es invisible!

“Oui,” dis-je au petit prince, “qu’il s’agisse de la maison, des étoiles ou du désert, ce qui fait leur beauté est invisible!”

— Me alegra – dijo – que estés de acuerdo con mi zorro.

“Je suis content,” dit-il, “que tu sois d’accord avec mon renard.”

Como el principito se dormía, lo tomé en mis brazos y seguí viaje. Estaba conmovido. Me parecía llevar un frágil tesoro. Me parecía incluso que no había nada más frágil sobre la Tierra.

Comme le petit prince s’endormait, je le pris dans mes bras, et me remis en route. J’étais ému. Il me semblait porter un trésor fragile. Il me semblait même qu’il n’y eût rien de plus fragile sur la Terre.

Miraba a la luz de la luna esa frente pálida, esos ojos cerrados, esos mechones de pelo que ondeaban al viento, y me decía: lo que veo no es más que una cáscara. Lo más importante es invisible...

Je regardais, à la lumière de la lune, ce front pâle, ces yeux clos, ces mèches de cheveux qui tremblaient au vent, et je me disais: “Ce que je vois là n’est qu’une écorce. Le plus important est invisible...”

Como sus labios entreabiertos esbozaban una sonrisa, me dije también: “Lo que tanto me conmueve de este principito dormido es su fidelidad por una flor, es la imagen de una rosa que resplandece en él como la llama de una lámpara, incluso cuando duerme...”

Comme ses lèvres entr’ouvertes ébauchaient un demi-sourire je me dis encore: “Ce qui m’émeut si fort de ce petit prince endormi, c’est sa fidélité pour une fleur, c’est l’image d’une rose qui rayonne en lui comme la flamme d’une lampe, même quand il dort...”

Y lo sentí más frágil todavía. Hay que proteger bien a las lámparas: una ráfaga de viento puede apagarlas...

Et je le devinai plus fragile encore. Il faut bien protéger les lampes: un coup de vent peut les éteindre...

Y caminando de esa manera, descubrí el pozo al amanecer.

Et, marchant ainsi, je découvris le puits au lever du jour.

Capítulo XXV

Chapitre XXV

— Los hombres – dijo el principito – se precipitan en los rápidos pero ya no saben qué es lo que buscan. Entonces se agitan y dan vueltas...

“Les hommes,” dit le petit prince, “ils s’enfournent dans les rapides, mais ils ne savent plus ce qu’ils cherchent. Alors ils s’agitent et tournent en rond...”

Y agregó: — No vale la pena...

Et il ajouta: “Ce n’est pas la peine...”

El pozo que habíamos encontrado no se parecía a los pozos saharianos. Los pozos saharianos son simples hoyos cavados en la arena. Aquél se parecía a un pozo de pueblo. Pero no había allí ningún pueblo, y yo creía estar soñando.

Le puits que nous avions atteint ne ressemblait pas aux puits sahariens. Les puits sahariens sont de simples trous creusés dans le sable. Celui-là ressemblait à un puits de village. Mais il n’y avait là aucun village, et je croyais rêver.

— Es extraño – le dije al principito –, está todo listo: la polea, el balde y la cuerda...

“C’est étrange,” dis-je au petit prince, “tout est prêt: la poulie, le seau et la corde...”

Rió, tocó la cuerda, jugó con la polea. Y la polea gimió como gime una vieja veleta cuando el viento estuvo mucho tiempo dormido.

Il rit, toucha la corde, fit jouer la poulie. Et la poulie gémit comme gémit une vieille girouette quand le vent a longtemps dormi.

— Oyes – dijo el principito -, hemos despertado al pozo y él canta...

“Tu entends,” dit le petit prince, “nous réveillons ce puits et il chante...”

Yo no quería que hiciera un esfuerzo: — Déjame hacer – le dije -, es demasiado pesado par ti.

Je ne voulais pas qu’il fît un effort: “Laisse-moi faire,” lui dis-je, “c’est trop lourd pour toi.”

Icé lentamente el balde y lo apoyé, bien derecho, en el brocal. En mis oídos persistía el canto de la polea, y en el agua que continuaba temblando veía temblar el sol.

Lentement je hissai le seau jusqu’à la margelle. Je l’y installai bien d’aplomb. Dans mes oreilles durait le chant de la poulie et, dans l’eau qui tremblait encore, je voyais trembler le soleil.

— Tengo sed de esta agua – dijo el principito -, dame de beber...

“J’ai soif de cette eau-là,” dit le petit prince, “donne-moi à boire...”

Y comprendí qué es lo que él había buscado!

Et je compris ce qu’il avait cherché!

Levanté el balde hasta sus labios. Bebió con los ojos cerrados. Todo era agradable como una fiesta. Esa agua era más que un simple alimento. Había nacido de la caminata bajo las estrellas, del canto de la polea, del esfuerzo de mis brazos. Era buena para el corazón, como un regalo.

Je soulevai le seau jusqu’à ses lèvres. Il but, les yeux fermés. C’était doux comme une fête. Cette eau était bien autre chose qu’un aliment. Elle était née de la marche sous les étoiles, du chant de la poulie, de l’effort de mes bras. Elle était bonne pour le cœur, comme un cadeau.

Cuando yo era niño, la luz del árbol de Navidad, la música de la misa de medianoche, la dulzura de las sonrisas, hacían el aura del regalo de Navidad que recibía.

Lorsque j’étais petit garçon, la lumière de l’arbre de Noël, la musique de la messe de minuit, la douceur des sourires faisaient ainsi tout le rayonnement du cadeau de Noël que je recevais.

— Los hombres de tu tierra – dijo el principito -, cultivan cinco mil rosas en un mismo jardín... y no encuentran lo que buscan.

“Les hommes de chez toi,” dit le petit prince, “cultivent cinq mille roses dans un même jardin... et ils n’y trouvent pas ce qu’ils cherchent.”

— No lo encuentran – respondí.

“Ils ne le trouvent pas,” répondis-je...

— Y sin embargo, lo que buscan podría encontrarse en una sola rosa o en un poco de agua...

“Et cependant ce qu’ils cherchent pourrait être trouvé dans une seule rose ou un peu d’eau...”

— Desde luego – respondí.

“Bien sûr,” répondis-je.

Y el principito agregó: — Pero los ojos son ciegos. Hay que buscar con el corazón.

Et le petit prince ajouta: “Mais les yeux sont aveugles. Il faut chercher avec le cœur.”

Había bebido y respiraba bien. La arena, al amanecer, tiene el color de la miel. Me sentía contento también por ese color de miel. Por qué habría de estar apesadumbrado...

J’avais bu. Je respirais bien. Le sable, au lever du jour, est couleur de miel. J’étais heureux aussi de cette couleur de miel. Pourquoi fallait-il que j’eusse de la peine...

— Debes cumplir tu promesa – me dijo dulcemente el principito, que se había sentado de nuevo a mi lado.

“Il faut que tu tiennes ta promesse,” me dit doucement le petit prince, qui, de nouveau, s’était assis auprès de moi.

— Cuál promesa?

“Quelle promesse?”

— Ya sabes... un bozal para mi cordero... soy responsable de aquella flor!

“Tu sais... une muselière pour mon mouton... je suis responsable de cette fleur!”

Saqué del bolsillo mis bocetos. El principito los vio y dijo riendo: — Tus baobabs, parecen más bien repollos...

Je sortis de ma poche mes ébauches de dessin. Le petit prince les aperçut et dit en riant: “Tes baobabs, ils ressemblent un peu à des choux...”

— Oh! Y yo que estaba tan orgulloso de los baobabs!

“Oh!” Moi qui étais si fier des baobabs!

— Tu zorro... sus orejas... parecen más bien cuernos... y son demasiado largas! Y volvió a reírse.

“Ton renard... ses oreilles... elles ressemblent un peu à des cornes... et elles sont trop longues!” Et il rit encore.

— Eres injusto, hombrecito, yo no sabía dibujar más que las boas cerradas y las boas abiertas.

“Tu es injuste, petit bonhomme; je ne savais rien dessiner que les boas fermés et les boas ouverts.”

— Oh! ya va a salir – dijo –, los niños saben.

“Oh! ça ira,” dit-il, “les enfants savent.”

Dibujé entonces un bozal. Y se me encogió el corazón cuando se lo di: — Tienes proyectos que desconozco...

Je crayonnai donc une muselière. Et j’eus le cœur serré en la lui donnant: “Tu as des projets que j’ignore...”

Pero no me respondió. Me dijo. — Sabes, mi caída en la Tierra... mañana se cumplirá un año...

Mais il ne me répondit pas. Il me dit: “Tu sais, ma chute sur la Terre... c’en sera demain l’anniversaire...”

Y después de un silencio agregó: — Había caído muy cerca de acá... Y se sonrojó.

Puis, après un silence il dit encore: “J’étais tombé tout près d’ici...” Et il rougit.

Y de nuevo, sin comprender por qué, sentí un extraño desasosiego.

Et de nouveau, sans comprendre pourquoi, j’éprouvai un chagrin bizarre.

Se me ocurrió una pregunta: — Entonces no es por casualidad que la mañana en que te conocí, hace ocho días, deambulabas así, solo, a mil millas de todas las regiones habitadas! Regresabas al lugar de tu caída?

Cependant une question me vint: “Alors ce n’est pas par hasard que, le matin où je t’ai connu, il y a huit jours, tu te promenais comme ça, tout seul, à mille milles de toutes les régions habitées! Tu retournais vers le point de ta chute?”

El principito se sonrojó de nuevo.

Le petit prince rougit encore.

Y agregué, titubeando: — Con motivo, quizá, del aniversario?...

Et j’ajoutai, en hésitant: “À cause, peut-être, de l’anniversaire?”

El principito volvió a sonrojarse. Él nunca respondía a las preguntas, pero cuando uno se sonroja significa que “sí”, no es cierto?

Le petit prince rougit de nouveau. Il ne répondait jamais aux questions, mais, quand on rougit, ça signifie ‘oui’, n’est-ce pas?

— Ah! – le dije -, tengo miedo...

“Ah!” lui dis-je, “j’ai peur...”

Pero me respondió: — Ahora debes trabajar. Debes volver con tu máquina. Te espero acá, regresa mañana al atardecer...

Mais il me répondit: “Tu dois maintenant travailler. Tu dois repartir vers ta machine. Je t’attends ici. Reviens demain soir...”

Pero yo no me sentía tranquilo. Me acordaba del zorro. Se corre peligro de llorar un poco si uno se dejó domesticar...

Mais je n’étais pas rassuré. Je me souvenais du renard. On risque de pleurer un peu si l’on s’est laissé apprivoiser...

Capítulo XXVI

Chapitre XXVI

Al lado del pozo había un viejo muro de piedra en ruinas. Cuando volví de mi trabajo al día siguiente por la tarde, vi de lejos a mi principito sentado allá arriba, con las piernas colgando.

Il y avait, à côté du puits, une ruine de vieux mur de pierre. Lorsque je revins de mon travail, le lendemain soir, j’aperçus de loin mon petit prince assis là-haut, les jambes pendantes.

Y oí que hablaba: — Entonces no te acuerdas? – decía. – No es exactamente acá!

Et je l’entendis qui parlait: “Tu ne t’en souviens donc pas?” disait-il. “Ce n’est pas tout à fait ici!”

Indudablemente le respondió otra voz, ya que replicó: — Sí! Sí! efectivamente es el día, pero no es éste el lugar...

Une autre voix lui répondit sans doute, puisqu’il répliqua: “Si! Si! C’est bien le jour, mais ce n’est pas ici l’endroit...”

Continué caminando hacia el muro. Seguía sin ver ni oír a nadie. Sin embargo el principito replicó de nuevo: — ... Desde luego. Verás dónde comienza mi huella en la arena. No tienes más que esperarme. Estaré allí esta noche.

Je poursuivis ma marche vers le mur. Je ne voyais ni n’entendais toujours personne. Pourtant le petit prince répliqua de nouveau: “...Bien sûr. Tu verras où commence ma trace dans le sable. Tu n’as qu’à m’y attendre. J’y serai cette nuit.”

Estaba a veinte metros del muro y seguía sin ver nada.

J’étais à vingt mètres du mur et je ne voyais toujours rien.

El principito siguió diciendo, después de un silencio: — Tienes buen veneno? Estás segura de no hacerme sufrir mucho tiempo?

Le petit prince dit encore, après un silence: “Tu as du bon venin? Tu es sûr de ne pas me faire souffrir longtemps?”

Me detuve con el corazón en un puño, pero seguía sin comprender.

Je fis halte, le cœur serré, mais je ne comprenais toujours pas.

— Ahora vete... – dijo –, me quiero bajar!

“Maintenant va-t’en,” dit-il... “je veux redescendre!”

Entonces yo también bajé la mirada hacia el pie del muro, y pegué un salto! Había allí, erguida hacia el principito, una de esas serpientes amarillas que lo ejecutan a uno en treinta segundos.

Alors j’abaissai moi-même les yeux vers le pied du mur, et je fis un bond! Il était là, dressé vers le petit prince, un de ces serpents jaunes qui vous exécutent en trente secondes.

Mientras hurgaba en el bolsillo para sacar mi revólver comencé a correr, pero con el ruido que hice la serpiente se dejó deslizar suavemente por la arena, como un chorro de agua que se extingue, y sin apurarse demasiado se escabulló entre las piedras con un leve sonido metálico.

Tout en fouillant ma poche pour en tirer mon revolver, je pris le pas de course, mais, au bruit que je fis, le serpent se laissa doucement couler dans le sable, comme un jet d’eau qui meurt, et, sans trop se presser, se faufila entre les pierres avec un léger bruit de métal.

Llegué al muro justo a tiempo para recibir en los brazos a mi pequeño príncipe, pálido como la nieve.

Je parvins au mur juste à temps pour y recevoir dans les bras mon petit bonhomme de prince, pâle comme la neige.

— Qué historia es ésta! Ahora hablas con las serpientes!

“Quelle est cette histoire-là! Tu parles maintenant avec les serpents!”

Le había aflojado su eterna bufanda dorada. Le había mojado las sienes y le había dado de beber. Y ahora no me atrevía a preguntarle más nada.

J’avais défait son éternel cache-nez d’or. Je lui avais mouillé les tempes et l’avais fait boire. Et maintenant je n’osais plus rien lui demander.

Él me miró seriamente y me rodeó el cuello con sus brazos. Sentía latir su corazón como el de un ave que muere por un disparo de carabina.

Il me regarda gravement et m’entoura le cou de ses bras. Je sentais battre son cœur comme celui d’un oiseau qui meurt, quand on l’a tiré à la carabine.

Me dijo: — Me alegra que hayas encontrado lo que fallaba en tu máquina. Vas a poder regresar a tu casa...

Il me dit: “Je suis content que tu aies trouvé ce qui manquait à ta machine. Tu vas pouvoir rentrer chez toi...”

— Cómo lo sabes!

“Comment sais-tu!”

Venía justamente a anunciarle que, contra toda esperanza, había logrado terminar mi trabajo!

Je venais justement lui annoncer que, contre toute espérance, j’avais réussi mon travail!

No respondió a mi pregunta pero agregó: — Hoy yo también regreso a mi casa.

Il ne répondit rien à ma question, mais il ajouta: “Moi aussi, aujourd’hui, je rentre chez moi...”

Luego, melancólico: — Es mucho más lejos... es mucho más difícil...

Puis, mélancolique: “C’est bien plus loin... c’est bien plus difficile...”

Yo sentía que estaba sucediendo algo extraordinario. Lo apreté entre mis brazos como un niño, y sin embargo me parecía que se deslizaba verticalmente hacia un abismo sin que pudiera hacer nada para retenerlo...

Je sentais bien qu’il se passait quelque chose d’extraordinaire. Je le serrais dans les bras comme un petit enfant, et cependant il me semblait qu’il coulait verticalement dans un abîme sans que je pusse rien pour le retenir...

Tenía la mirada adusta, perdida muy lejos:

Il avait le regard sérieux, perdu très loin:

— Tengo tu cordero. Y tengo la caja para el cordero. Y tengo el bozal... Y sonrió con melancolía.

“J’ai ton mouton. Et j’ai la caisse pour le mouton. Et j’ai la muselière...” Et il sourit avec mélancolie.

Esperé largo rato. Sentía que se reanimaba poco a poco: — Hombrecito, has tenido miedo...

J’attendis longtemps. Je sentais qu’il se réchauffait peu à peu: “Petit bonhomme, tu as eu peur...”

Había tenido miedo, sin duda! Pero rió dulcemente: — Tendré mucho más miedo esta noche...

Il avait eu peur, bien sûr! Mais il rit doucement: “J’aurai bien plus peur ce soir...”

Nuevamente me sentí helado por el sentimiento de lo irreparable. Y comprendí que no soportaba la idea de no oír nunca más esa risa, que era para mí como una fuente en el desierto.

De nouveau je me sentis glacé par le sentiment de l’irréparable. Et je compris que je ne supportais pas l’idée de ne plus jamais entendre ce rire. C’était pour moi comme une fontaine dans le désert.

— Hombrecito, quiero seguir escuchando tu risa...

“Petit bonhomme, je veux encore t’entendre rire...”

Pero él me dijo: — Esta noche se cumplirá un año. Mi estrella se encontrará justo encima del lugar donde caí el año pasado...

Mais il me dit: “Cette nuit, ça fera un an. Mon étoile se trouvera juste au-dessus de l’endroit où je suis tombé l’année dernière...”

— Hombrecito, dime que esa historia de serpiente y de cita y de estrella es un mal sueño... Pero no me respondió.

“Petit bonhomme, n’est-ce pas que c’est un mauvais rêve cette histoire de serpent et de rendez-vous et d’étoile...” Mais il ne répondit pas à ma question.

Me dijo: — Lo que es importante, no se puede ver...

Il me dit: “Ce qui est important, ça ne se voit pas...”

— Desde luego...

“Bien sûr...”

— Es como con la flor. Si amas a una flor que está en una estrella, es placentero mirar el cielo por la noche. Todas las estrellas están floridas.

“C’est comme pour la fleur. Si tu aimes une fleur qui se trouve dans une étoile, c’est doux, la nuit, de regarder le ciel. Toutes les étoiles sont fleuries.”

— Desde luego...

“Bien sûr...”

— Es como con el agua. La que me diste a beber era como una música, a causa de la polea y de la cuerda... recuerdas... era deliciosa.

“C’est comme pour l’eau. Celle que tu m’as donnée à boire était comme une musique, à cause de la poulie et de la corde... tu te rappelles... elle était bonne.”

— Desde luego...

“Bien sûr...”

— Por la noche mirarás las estrellas. La mía es demasiado pequeña para que te muestre dónde se encuentra. Es mejor así. Mi estrella será para ti una de las tantas estrellas. Entonces, te gustará mirar a todas las estrellas. Todas serán tus amigas. Y además voy a hacerte un regalo...

“Tu regarderas, la nuit, les étoiles. C’est trop petit chez moi pour que je te montre où se trouve la mienne. C’est mieux comme ça. Mon étoile, ça sera pour toi une des étoiles. Alors, toutes les étoiles, tu aimeras les regarder... Elles seront toutes tes amies. Et puis je vais te faire un cadeau...”

Volvió a reír.

Il rit encore.

— Ah! hombrecito, hombrecito, me gusta escuchar esa risa!

“Ah! petit bonhomme, petit bonhomme j’aime entendre ce rire!”

— Justamente ése será mi regalo... será como con el agua...

“Justement ce sera mon cadeau... ce sera comme pour l’eau...”

— Qué quieres decir?

“Que veux-tu dire?”

— La gente tiene estrellas que no son las mismas. Para quienes viajan, las estrellas son guías. Para otros no son más que pequeñas luces. Para otros que son sabios, ellas son problemas. Para mi hombre de negocios significaban oro. Pero todas esas estrellas son mudas. Tú tendrás estrellas como no tiene nadie...

“Les gens ont des étoiles qui ne sont pas les mêmes. Pour les uns, qui voyagent, les étoiles sont des guides. Pour d’autres elles ne sont rien que de petites lumières. Pour d’autres qui sont savants elles sont des problèmes. Pour mon businessman elles étaient de l’or. Mais toutes ces étoiles-là se taisent. Toi, tu auras des étoiles comme personne n’en a...”

— Qué quieres decir?

“Que veux-tu dire?”

— Cuando mires el cielo por la noche, dado que yo estaré en una de ellas, dado que yo reiré en una de ellas, entonces será para ti como si rieran todas las estrellas. Tú tendrás estrellas que saben reír!

“Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j’habiterai dans l’une d’elles, puisque je rirai dans l’une d’elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire!”

Y volvió a reír.

Et il rit encore.

— Y cuando te hayas consolado (siempre se encuentra consuelo) estarás contento de haberme conocido. Serás siempre mi amigo. Tendrás ganas de reír conmigo. Y abrirás de vez en cuando tu ventana, así, por placer...

“Et quand tu seras consolé (on se console toujours) tu seras content de m’avoir connu. Tu seras toujours mon ami. Tu auras envie de rire avec moi. Et tu ouvriras parfois ta fenêtre, comme ça, pour le plaisir...

Y tus amigos se sorprenderán de verte reír al mirar el cielo. Entonces les dirás: “Sí, las estrellas siempre me hacen reír!” Y ellos te creerán loco. Te habré jugado una muy mala pasada...

Et tes amis seront bien étonnés de te voir rire en regardant le ciel. Alors tu leur diras: ‘Oui, les étoiles, ça me fait toujours rire!’ Et ils te croiront fou. Je t’aurai joué un bien vilain tour...”

Y volvió a reír.

Et il rit encore.

— Será como si te hubiese dado, en vez de estrellas, montones de pequeños cascabeles que saben reír...

“Ce sera comme si je t’avais donné, au lieu d’étoiles, des tas de petits grelots qui savent rire...”

Y volvió a reír. Después volvió a ponerse serio: — Esta noche... sabes... mejor no vengas.

Et il rit encore. Puis il redevint sérieux: “Cette nuit... tu sais... ne viens pas.”

— No te abandonaré.

“Je ne te quitterai pas.”

— Podrá parecer que sufro... podrá parecer que me muero. Es eso. No lo vengas a ver, no vale la pena.

“J’aurai l’air d’avoir mal... j’aurai un peu l’air de mourir. C’est comme ça. Ne viens pas voir ça, ce n’est pas la peine...”

— No te abandonaré.

“Je ne te quitterai pas.”

Pero se lo notaba preocupado.

Mais il était soucieux.

— Te lo digo... es también por la serpiente, que no debe morderte... Las serpientes son malas, pueden morder por placer. — No te abandonaré.

“Je te dis ça... c’est à cause aussi du serpent. Il ne faut pas qu’il te morde... Les serpents, c’est méchant. Ça peut mordre pour le plaisir... Je ne te quitterai pas.”

Pero algo lo tranquilizó: — Es cierto que no tienen más veneno para la segunda picadura...

Mais quelque chose le rassura: “C’est vrai qu’ils n’ont plus de venin pour la seconde morsure...”

Aquella noche no lo vi marcharse. Se había escapado silenciosamente. Cuando logré alcanzarlo caminaba decidido, con paso rápido.

Cette nuit-là je ne le vis pas se mettre en route. Il s’était évadé sans bruit. Quand je réussis à le rejoindre il marchait décidé, d’un pas rapide.

Sólo me dijo: — Ah! estás aquí... Y me tomó de la mano.

Il me dit seulement: “Ah! tu es là...” Et il me prit par la main.

Pero siguió mortificándose: — Has hecho mal; vas a sufrir. Parecerá que me muero y no será cierto...

Mais il se tourmenta encore: “Tu as eu tort. Tu auras de la peine. J’aurai l’air d’être mort et ce ne sera pas vrai...”

Yo no decía nada.

Moi je me taisais.

— Tú comprendes. Es demasiado lejos. No puedo llevarme este cuerpo, es demasiado pesado.

“Tu comprends. C’est trop loin. Je ne peux pas emporter ce corps-là. C’est trop lourd.”

Yo no decía nada.

Moi je me taisais.

— Pero será como una vieja cáscara abandonada. No tienen nada de triste las cáscaras abandonadas...

“Mais ce sera comme une vieille écorce abandonnée. Ce n’est pas triste les vieilles écorces...”

Yo no decía nada.

Moi je me taisais.

Se desanimó un poco. Pero hizo aún un esfuerzo: — Será simpático, sabes. Yo también miraré las estrellas. Todas las estrellas serán pozos con una polea oxidada. Todas las estrellas me darán de beber...

Il se découragea un peu. Mais il fit encore un effort: “Ce sera gentil, tu sais. Moi aussi je regarderai les étoiles. Toutes les étoiles seront des puits avec une poulie rouillée. Toutes les étoiles me verseront à boire...”

Yo no decía nada.

Moi je me taisais.

— Será tan divertido! Tú tendrás quinientos millones de cascabeles, yo tendré quinientos millones de fuentes...

“Ce sera tellement amusant! Tu auras cinq cents millions de grelots, j’aurai cinq cents millions de fontaines...”

Y se calló también, porque estaba llorando...

Et il se tut aussi, parce qu’il pleurait...

— Es ahí. Déjame que dé un paso yo solo.

“C’est là. Laisse-moi faire un pas tout seul.”

Y se sentó porque tenía miedo.

Et il s’assit parce qu’il avait peur.

Agregó: — Tú sabes... mi flor... soy responsable de ella! Y es tan débil! Y es tan ingenua. Tiene cuatro espinas insignificantes para protegerse del mundo...

Il dit encore: “Tu sais... ma fleur... j’en suis responsable! Et elle est tellement faible! Et elle est tellement naïve. Elle a quatre épines de rien du tout pour la protéger contre le monde...”

Yo me senté porque ya no podía mantenerme parado.

Moi je m’assis parce que je ne pouvais plus me tenir debout.

Dijo: — Bueno... es todo...

“Voilà... C’est tout...”

Vaciló todavía un poco, luego se levantó. Dio un paso. Yo no podía moverme.

Il hésita encore un peu, puis il se releva. Il fit un pas. Moi je ne pouvais pas bouger.

No hubo más que un relámpago amarillo cerca de su tobillo.

Il n’y eut rien qu’un éclair jaune près de sa cheville.

Permaneció un instante inmóvil. No gritó. Cayó suavemente como cae un árbol. Ni siquiera hizo ruido, a causa de la arena.

Il demeura un instant immobile. Il ne cria pas. Il tomba doucement comme tombe un arbre. Ça ne fit même pas de bruit, à cause du sable.

Capítulo XXVII

Chapitre XXVII

Y ahora, por cierto, ya pasaron seis años...

Et maintenant, bien sûr, ça fait six ans déjà...

Nunca he contado esta historia todavía. Los camaradas que me volvieron a ver se pusieron muy contentos de encontrarme vivo. Yo estaba triste pero les decía: es el cansancio...

Je n’ai jamais encore raconté cette histoire. Les camarades qui m’ont revu ont été bien contents de me revoir vivant. J’étais triste mais je leur disais: “C’est la fatigue...”

Ahora me he consolado un poco. Es decir... no totalmente.

Maintenant je me suis un peu consolé. C’est à dire... pas tout à fait.

Pero sé que él regresó a su planeta, porque cuando salió el sol no encontré su cuerpo. No era un cuerpo tan pesado... Y me gusta por la noche escuchar a las estrellas. Son como quinientos millones de cascabeles...

Mais je sais bien qu’il est revenu à sa planète, car, au lever du jour, je n’ai pas retrouvé son corps. Ce n’était pas un corps tellement lourd... Et j’aime la nuit écouter les étoiles. C’est comme cinq cent millions de grelots...

Pero he aquí que sucede algo extraordinario. Al bozal que le dibujé al principito, me olvidé de agregarle la correa de cuero! Nunca habrá podido colocárselo al cordero.

Mais voilà qu’il se passe quelque chose d’extraordinaire. La muselière que j’ai dessinée pour le petit prince, j’ai oublié d’y ajouter la courroie de cuir! Il n’aura jamais pu l’attacher au mouton.

Entonces me pregunto: “Qué es lo que sucedió en su planeta? Posiblemente el cordero se haya comido la flor...”

Alors je me demande: “Que s’est-il passé sur sa planète? Peut-être bien que le mouton a mangé la fleur...”

A veces me digo: “Seguramente que no! El principito guarda su flor todas las noches bajo su globo de vidrio y vigila bien a su cordero...” Entonces me pongo contento. Y todas las estrellas ríen en voz baja.

Tantôt je me dis: “Sûrement non! Le petit prince enferme sa fleur toutes les nuits sous son globe de verre, et il surveille bien son mouton...” Alors je suis heureux. Et toutes les étoiles rient doucement.

Otras veces me digo: “Uno puede distraerse en cualquier momento, y con eso basta! Se olvidó alguna vez el globo de vidrio, o bien el cordero salió sin hacer ruido durante la noche...”

Tantôt je me dis: “On est distrait une fois ou l’autre, et ça suffit! Il a oublié, un soir, le globe de verre, ou bien le mouton est sorti sans bruit pendant la nuit...”

Entonces los cascabeles se convierten todos en lágrimas!...

Alors les grelots se changent tous en larmes...

Ése es un gran misterio. Tanto para ustedes que aman también al principito como para mí, nada en el universo es parecido si en alguna parte, no se sabe dónde, un cordero que no conocemos ha comido o no una rosa...

C’est là un bien grand mystère. Pour vous qui aimez aussi le petit prince, comme pour moi, rien de l’univers n’est semblable si quelque part, on ne sait où, un mouton que nous ne connaissons pas a, oui ou non, mangé une rose...

Miren el cielo. Pregúntense: el cordero se comió o no a la flor? Y verán como cambia todo...

Regardez le ciel. Demandez-vous: “Le mouton oui ou non a-t-il mangé la fleur?” Et vous verrez comme tout change...

Y ningún adulto comprenderá jamás la importancia que esto tiene!

Et aucune grande personne ne comprendra jamais que ça a tellement d’importance!

Éste es para mí el más bello y el más triste paisaje del mundo. Es el mismo paisaje de la página anterior, pero lo dibujé una vez más para mostrárselos bien. Es acá que el principito apareció en la tierra, y luego desapareció.

Ça c’est, pour moi, le plus beau et le plus triste paysage du monde. C’est le même paysage que celui de la page précédente, mais je l’ai dessiné une fois encore pour bien vous le montrer. C’est ici que le petit prince a apparu sur terre, puis disparu.

Miren con atención este paisaje para estar seguros de reconocerlo, si viajan algún día por el desierto de África. Y si llegan a pasar por allí, les suplico que no se apuren y que esperen un poco, justo bajo la estrella!

Regardez attentivement ce paysage afin d’être sûrs de le reconnaître, si vous voyagez un jour en Afrique, dans le désert. Et, s’il vous arrive de passer par là, je vous en supplie, ne vous pressez pas, attendez un peu juste sous l’étoile!

Si entonces se les aproxima un niño, si ríe, si tiene cabellos dorados, si no responde cuando se lo interroga, podrán adivinar de quién se trata.

Si alors un enfant vient à vous, s’il rit, s’il a des cheveux d’or, s’il ne répond pas quand on l’interroge, vous devinerez bien qui il est.

Entonces, sean amables! No me dejen tan triste: escríbanme pronto que ha regresado...

Alors soyez gentils! Ne me laissez pas tellement triste: écrivez-moi vite qu’il est revenu...

THE END

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